Les Apparitions de la Très Sainte Vierge Marie

Apparition de Notre-Dame au Puy-en-Velay

L’origine du sanctuaire Notre-Dame du Puy-en-Velay (Haute Loire) remonte à l’an 430, date de l’apparition de la Mère du Christ à « une noble matrone », percluse de fièvre et qui en sera guérie. Il s’agit de la première apparition de la Vierge Marie dans l’histoire de l’Église, confirmée par l’évêque local, un an avant le grand Concile d’Éphèse, qui proclamera Marie Theotokos, « Mère de Dieu ».

La fondation de l’Eglise du Velay

Les antiques traditions de l’Eglise du Puy nous enseignent que le premier évêque du Velay fut saint Georges, envoyé dans les Gaules par saint Pierre en vue d’évangéliser les hauts plateaux du Centre. Le Prince des Apôtres lui adjoignit comme compagnon de route saint Front, futur évêque de Périgueux.

Mais à peine eurent-ils atteint la petite ville de Bolsène – au nord de Rome – que Georges trépassa. Abattu, Front repartit pour Rome où Pierre lui remit son bâton de marche, lui demandant de le déposer sur la tombe du défunt, enseveli depuis six jours. Saint Front s’exécuta et Georges ressuscita. Tous deux reprirent leur route.

Le bâton miraculeux fut ensuite partagé en deux moitiés et saint Georges déposa sa partie dans l’église de Saint-Paulien, siège primitif de l’évêché du Velay. On porte au crédit du premier évêque du Velay la très spéciale dévotion qu’il avait à la Sainte Vierge. Jamais il ne manquait de la citer dans ses homélies et de chanter sa louange.

Les apparitions de la Sainte Vierge Marie et la Dédicace de la cathédrale

Avant de mourir « pour la seconde fois » de façon très paisible parmi ses ouailles (en l’an 84 selon les anciennes traditions ; vers le milieu du IIIème siècle, selon d’autres), saint Georges eut le temps de se rendre sur le Mont-Anis où une veuve venait d’être miraculeusement guérie par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie. Cette pieuse femme malade, baptisée par saint Front, s’était sans succès soumise à la médecine des hommes. Elle s’était alors adressée à la Sainte Vierge qui lui fit entendre ces paroles :

« Levez-vous, ma fille, du lit où vous ne sauriez trouver la santé, et allez la chercher sur le Mont-Anis où elle vous sera rendue. »

Elle se fit porter au lieu indiqué, y vit une grande pierre noire et carrée en forme d’autel sur laquelle elle se reposa et s’endormit. Cette pierre était un autel sacré sur lequel les druides accomplissaient les cérémonies du culte. Dans son sommeil lui apparut une Dame rayonnante de clarté entourée d’anges. Elle s’enhardit à demander quelle était cette reine :

« C’est, répondit un des anges, l’auguste Mère du Sauveur qui, entre tous les lieux du monde, s’est choisi spécialement cet endroit, pour y être servie et honorée jusqu’à la fin des siècles ; et afin que vous ne preniez pas ce que vous voyez pour un vain songe, sachez que la guérison que vous désirez vous est accordée. »

A la nouvelle de ce miracle, saint Georges était accouru sur le Mont Anis et fut doublement étonné, en ce jour du 11 juillet, de voir le lieu couvert de neige et un cerf gambadant qui traçait l’enceinte du sanctuaire que Notre-Dame voulait voir ériger en ce lieu. Saint Georges ne planta qu’une haie d’aubépines. Le lendemain 12 juillet, la neige avait disparu et l’aubépine s’épanouissait comme une couronne virginale. Malgré la venue de saint Martial de Limoges, premier pèlerin du Mont-Anis, qui désigna dans l’enclos la place que devait occuper l’autel de la basilique future et qui remit à l’Eglise du Puy une relique de très grand prix – un soulier de la Sainte Vierge – le projet traîna et n’aboutit que plus tard. Il fallut attendre l’épiscopat de saint Evode ou Vosy, septième évêque du Velay – vers 220 selon les uns, vers 375 de façon plus vraisemblable selon les autres – et une nouvelle guérison miraculeuse au même endroit, sur la pierre qu’on appellera Pierre des fièvres, pour que fût enfin entrepris le sanctuaire réclamé à nouveau par la Vierge Marie :

« Ma fille, dit-elle à la malade, c’en est fait, vous êtes guérie. Allez trouver mon serviteur Vosy ; dites-lui, de ma part, qu’il ne manque pas de jeter ici au plus tôt les fondements du sanctuaire que n’ont pu m’y élever ses prédécesseurs C’est ici que j’accorderai aux supplications de la piété le soulagement des malades et la consolation des affligés. J’ai choisi cette montagne entre mille pour donner une audience favorable à ceux qui viendront m’y présenter leurs demandes et leurs requêtes. »

En confirmation de cela, la neige tomba à nouveau en abondance. Saint Vosy jugea bon de transférer le siège épiscopal de Saint-Paulien à Anicium ou Mont-Anis, devenant le premier évêque du Puy, nom qui sera donné au Mont-Anis au début du XIe siècle. Aidé de saint Scutaire, patricien romain, architecte et l’un de ses successeurs, il construisit le sanctuaire qui ne comprenait alors que ce que l’on appelle la « chambre angélique », c’est-à-dire l’abside et la première travée de l’actuelle cathédrale du Puy. Il enfermait la Pierre des fièvres.

L’église fut consacrée du vivant de saint Vosy, non par la main des hommes mais par le ministère des anges, à la lueur de milliers de torches célestes dont plus de trois cents furent recueillies à la suite de la cérémonie par la piété des fidèles. Elle fut achevée par saint Scutaire dans la première moitié du Ve siècle. En raison des apparitions de la Sainte Vierge et de la consécration angélique, la cathédrale du Puy, tout comme la ville et le diocèse, est placée sous le patronage de Notre-Dame de l’Annonciation, vocable qui unit le 25 mars et la dévotion à Notre-Dame et la dévotion aux saints anges. De plus, la fête de la Dédicace de la cathédrale est fixée au 11 juillet, jour de la première chute de neige. Ce sanctuaire angélique allait devenir le plus vénéré des lieux de pèlerinage de la chrétienté en l’honneur de Notre-Dame, avec Sainte-Marie-Majeure à Rome. Accomplissant de nombreux miracles de guérison sur cette antique pierre druidique du Mont- Anis, la Bienheureuse Vierge Marie apparut comme l’instrument de la victoire du catholicisme sur le paganisme antique.

Apparition de Notre Dame à Boulogne-sur-mer

En 636, au temps de Dagobert, vers la tombée du jour, saint Omer étant évêque, le peuple de Boulogne était rassemblé dans une chapelle couverte de joncs et de genêts, située dans la partie haute de la ville lorsque la Mère de Dieu apparut et dit aux fidèles de se rendre au rivage où les attendait une visite merveilleuse.

Là les habitants furent témoins de l’accostage d’une barque, poussée par des anges, en laquelle se tenait debout une statue en bois de la Vierge Marie. Cette dernière tenait l’Enfant-Jésus sur son bras gauche. Autour d’elle, émanait un halo de paix et de lumière. Devant l’étonnement de l’attroupement, la voix de la sainte résonna et dit, avant que la manifestation ne cesse :

« Je suis l’avocate des pécheurs, la source de grâce, la fontaine de piété qui souhaite qu’une lumière divine descende sur vous et sur votre ville. Mes amis, faites, en mon nom, édifier une église. »

Vers 1100, la Comtesse Ide de Boulogne, qui deviendra sainte Ide, fait construire une église romane. Les travaux durent 200 ans et un chœur gothique termine l’ensemble au début du XVIe siècle.

A partir des XIIe et XIIIe siècles, les pèlerins affluent à Boulogne qui devient une étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. On s’arrête à Boulogne, en venant d’Angleterre ou des Pays-Bas, ou en remontant d’Espagne ou d’Italie. Il y a de nombreuses attestations de venues de pèlerins célèbres : Lanfranc, archevêque de Canterbury, saint Bernard, et venant du Moyen Orient, vers 1050, l’évêque d’Antioche et celui du Mont Sinaï. Puis au XIIIe siècle, Le roi Philippe Auguste, saint Louis, Henri III d’Angleterre, François 1er.

De très nombreuses guérisons sont survenues par l’intermédiaire de Notre Dame de Boulogne à tel point qu’au XIIIe siècle, on dit que Boulogne était alors comme Lourdes maintenant.

En 1553, l’empereur Charles Quint fait raser Thérouanne, à 20 km de Boulogne, où était l’évêché de la région. L’évêque vient résider à Boulogne et l’église devient cathédrale.

Mais le XVIe siècle est celui des guerres de religion. A Boulogne, les Huguenots s’acharnent contre la cathédrale, brisent les vitraux, brûlent les boiseries et surtout essaient de briser la statue puis de la faire brûler, en vain. Elle est finalement jetée sur un tas de fumier puis dans un puits. La femme d’unhuguenot, très pieuse, la retire secrètement du puits et la cache dans son grenier, où elle restera plus de 30 ans avant de regagner la cathédrale. Elle est en très mauvais état, mais la reprise des miracles prouve son authenticité.

En 1630, Mgr Le Bouthiller rebâtit la cathédrale.

En 1789, avec la révolution, églises et couvents sont déclarés propriétés de l’État. Le mobilier est vendu ou détruit. La statue est brûlée en 1793. La main droite, qui s’était détachée peu avant, est le seul vestige de la statue originale. Deux doigts de la main droite ont été sauvés et sont enchâssés dans un reliquaire qui est, encore de nos jours, porté aux malades et aux mourants. La cathédrale sert d’arsenal, d’entrepôt, puis, vendue à des trafiquants étrangers à la ville, elle est démolie et vendue pierre par pierre.

A partir de 1820, l’abbé Haffreingue passera sa vie à reconstruire la cathédrale, dont il en sera lui-même l’architecte en s’inspirant de Saint-Paul de Londres et des grandes basiliques romaines. Son chantier occupa 160 ouvriers auxquels il se mêlait volontiers. Il voulait qu’on puisse la voir d’Angleterre et qu’elle soit comme une prière permanente élevée vers le ciel pour la réunion des communautés protestantes et catholiques, en une seule église. L’Abbé Haffreingue était très modeste. A l’extérieur, devant le parvis, on peut lire au dessus du portail central » A Domino factum est » : ceci est l’œuvre du Seigneur.

« Le grand retour ». Lors du Congrès Marial de 1938 qui vit se rassembler des foules considérables, sont construites quatre vierges en stuc de grandeur nature et portant une couronne. De 1943 à 1948, ces quatre reproductions de la Vierge de Boulogne, appelée aussi « Notre-Dame du Grand Retour », chacune montée sur un char, parcoururent 120 000 km à travers la France, visitant 16 000 paroisses, en provoquant un élan de foi, de prières et de conversions sur son passage. La statue de la Vierge portée sur un bateau s’accompagnait d’une demande de délivrance de la France qui prend tout son sens dans le contexte de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les vents mauvais du Concile Vatican II ayant balayé la plupart des manifestations publiques rendues à la Mère de Dieu, chaque année depuis 2006, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, fondée par Mgr Marcel Lefebvre, a repris le flambeau et organise début septembre une très belle procession en l’honneur de Notre Dame de Boulogne.

Apparition de Notre Dame à Cotignac

Le 10 août 1519, un bûcheron, Jean de la Baume, gravit le mont Verdaille. Il commença sa journée par une prière, avant de se mettre au travail ; à peine s’était-il relevé qu’une nuée lui apparut, découvrant la Vierge Marie avec l’Enfant Jésus dans les bras, qu’entouraient Saint Bernard de Clairvaux et l’Archange Saint Michel. Notre Dame était debout, les pieds sur un croissant de lune. Elle s’adressa à Jean en ces termes :

« Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces ; et qu’on y vienne en procession, pour recevoir les dons que je veux y répandre. »

Et la vision disparut. Jean garda pour lui le message, ce qui lui valut la même vision et la même demande, le lendemain 11 août, au même endroit où il était revenu pour achever sa coupe de bois. Cette deuxième vision le décida à descendre au village sans attendre, pour transmettre la demande de Notre Dame. Tout de suite, la population comme les édiles, jouissant d’une foi catholique très vive, accordèrent crédit au message céleste transmis par le pieux et sérieux bûcheron, et décidèrent d’élever une petite chapelle à l’endroit des apparitions.

Après une grande procession de toute la paroisse, clergé et syndics en tête, au mont Verdaille, les travaux de construction commencèrent et, le 14 septembre 1519, jour de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, les bâtisseurs, « commençant les fondations de cette église, trouvèrent en terre grande quantité d’ossements, des clous, des ferrailles, des boîtes d’ivoire et une boule de beau cristal, ce qui leur fit croire qu’il y avait là des martyrs enterrés » (rapport de l’an 1665).

L’approbation ecclésiastique ne se fit pas attendre : dès le 17 mars 1521, le pape Léon X, par un décret aujourd’hui perdu, accordait une série de privilèges à ce nouveau sanctuaire marial provençal. L’affluence des pèlerins à Cotignac fut tout de suite importante, et ne se démentit pas durant deux siècles et demi, jusqu’à la révolution de 1789. Les grâces obtenues des mains de Marie par les pèlerins furent extrêmement nombreuses, et le village de Cotignac lui-même fut constamment préservé de la peste, même en la terrible année 1720 où cette maladie fit de terribles ravages en Provence.

En 1692, un pèlerin notait que le sanctuaire regorgeait de « monuments particuliers » (il désigne ici de toute évidence des ex-voto) pour les « maladies guéries, les morts et naufrages évités … et une infinité d’autres bienfaits obtenus. »

Parmi cette multitude de grâces, la plus retentissante fut accordée au roi Louis XIII et à la reine Anne d’Autriche et, en leurs personnes, à toute la France : ce fut la naissance d’un héritier pour la Couronne de France. Le roi et la reine, qui s’étaient mariés en 1615, n’avaient toujours pas d’enfant en 1637 ; alors intervint directement Notre-Dame de Grâces.

Le 27 octobre 1637, tandis qu’il était en prière, le Frère Fiacre, augustin déchaussé de Paris, eut une soudaine révélation intérieure : la reine devait demander publiquement qu’on fît en son nom trois neuvaines de prières à la Sainte Vierge, et un fils lui serait donné : la première neuvaine en l’honneur de Notre-Dame de Grâces en Provence, la seconde de Notre Dame de Paris, la cathédrale, et la troisième de Notre Dame des Victoires, l’église de son couvent. Mais les supérieurs du Frère furent sceptiques et lui interdirent d’en parler, à moins d’apporter une preuve irréfutable.

Six jours plus tard, le 3 novembre à deux heures du matin, le Frère Fiacre, dans sa cellule, fut tiré de sa prière par des cris d’enfant, et se retrouva en face de la Vierge Marie qui lui montra dans ses bras un enfant vagissant, en lui disant :

« N’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France. »

Et la vision disparut, puis se manifesta à nouveau un court moment, en silence. Deux heures plus tard, Notre Dame apparut seule et dit :

« Ne doutez plus, mon enfant, de ce que vous avez déclaré à votre confesseur. Pour marquer que je veux que l’on avertisse la reine de faire trois neuvaines en mon honneur, voilà la même image qui est à Notre-Dame de Grâces de Provence, et la façon de l’église. »

Et Frère Fiacre vit avec précision le tableau ainsi que le chœur de l’église du sanctuaire ; il en informa immédiatement ses supérieurs qui, comme lui, ne s’étaient jamais rendu à Cotignac. On consulta des amis qui avaient fait le pèlerinage : les descriptions concordaient parfaitement.

Informée très rapidement, la reine se mit à croire en la réalisation de ces promesses du Ciel transmises par le Frère Fiacre qui commença les trois neuvaines le 8 novembre 1637, et les acheva le 5 décembre, soit neuf mois exactement avant la naissance du futur Louis XIV, que ses parents prénommèrent « Louis Dieudonné » (c’est-à-dire « donné par Dieu »), et qui vint au monde le 5 septembre 1638. Louis XIII lui-même reconnut la puissante intercession de la Reine des Cieux dans la naissance de son fils, et n’hésita pas à écrire, dans sa lettre aux ambassadeurs annonçant l’heureux événement :

« Tout ce qui a précédé la délivrance de la reine, le peu de durée de son travail et toutes les circonstances de la naissance du Dauphin font voir que ce fils lui est donné de Dieu par la puissante intercession de la Sainte Vierge. »

Cette grâce insigne accordée au couple royal est l’une des causes du « vœu de Louis XIII », signé par le roi le 10 février 1638 puis enregistré comme loi, et qui consacrait la France à la Sainte Vierge. C’est ce vœu que nous renouvelons chaque année le 15 août, en la fête de l’Assomption.

Louis XIV et sa mère Anne d’Autriche vinrent en personne en pèlerinage d’action de grâces à Cotignac le 21 février 1660, et le roi offrit alors au sanctuaire sa bague en or et un long cordon de moire bleue céleste que portaient les membres du prestigieux ordre de chevalerie du Saint Esprit dont le roi était le Grand Maître.

Et en 1667, un an après la mort d’Anne d’Autriche, Louis XIV fit apposer une plaque dans l’église du sanctuaire de Cotignac, en mémoire de sa mère, rappelant qu’il fut « donné à son peuple par les vœux qu’Anne d’Autriche, reine de France, sa mère, fit dans cette église ». Cette plaque se trouve encore actuellement dans le sanctuaire Notre-Dame de Grâces.

Abbé Fabrice Delestre

Extrait du Parvis n° 58 de mai-juin 2013

Apparition de Notre Dame de l’osier

Le miracle à l’origine du pèlerinage à Notre-Dame de l’Osier, à Vinay (Isère), entre Tullins et Saint-Marcellin, est attesté, aux archives du département de l’Isère, par un jugement du tribunal de Saint-Marcellin :

En 1649, Pierre Port-Combet, huguenot de religion, et habitant le lieu-dit des Plantées, ayant, en mépris de la Sainte Vierge, entrepris de travailler et de tailler un sien armarinier (osier) le jour de l’Annonciation, nonobstant la contrariété de ce, par Jeanne Pélion, sa vertueuse femme, de religion catholique ; mais Dieu permit que cet osier jetât des larmes de sang par chaque taille qu’il en faisait, si abondamment, que Port-Combet fut, lui et ses habits, tout taché de sang, ainsi que la serpette dont il se servait. Ladite femme, le voyant venir à elle dans un état sanglant, et ignorant la cause : « Ah ! misérable, je savais bien que la Sainte Vierge vous punirait », s’écria-t-elle. « Je ne suis pas blessé », reprit Port-Combet, « c’est que l’armarinier m’a jeté du sang par chaque taille que j’en ai faite. ». Lors cette bonne femme s’en alla avec lui vers cet osier miraculeux, où, montée par l’échelle, elle coupe de la même serpette deux armariniers qui ne lui jetèrent point de sang : ledit huguenot en coupa derechef, et il sembla que cet arbre insensible s’irritât plus que devant, lui jetant du sang avec plus d’abondance qu’il n’avait encore fait.

L’autorisation de culte fut délivrée en 1657 par les autorités religieuses.

Pierre Port-Combet est un protestant calviniste de la meilleure espèce : il méprise habituellement les observances chrétiennes de cette France de l’Ancien Régime. Ce jour de l’Annonciation, jeudi 25 mars 1649, jour chômé sous le roi Louis XIV, malgré les injonctions de sa femme, une bonne catholique, Jeanne Pélion, il sort avec sa serpe pour tailler l’osier proche, au lieu-dit les Plantées. Presque aussitôt, il revient précipitamment à la maison, couvert de sang. Épouvante de sa femme. Mais : « Jeanne, viens voir ce miracle ; il sort du sang de cet armarinier que j’ai coupé ! » Incrédule, sa femme se rend sur les lieux du drame, prend l’instrument tranchant pour y couper des branches : rien d’anormal. Son mari l’imite et voilà le sang qui gicle « à grosses gouttes ».

Ainsi débute l’histoire du sanctuaire marial, car elle ne fait que commencer ; en effet, Pierre Port-Combet, quoiqu’effrayé, continue sa vie de huguenot… jusqu’à ce jour de mars 1656, alors qu’il laboure avec ses bœufs à 350 pas de la maison, toujours aux Plantées. Il est midi passé. Une « demoiselle, vêtu de blanc et un manteau bleu », l’y surprend et le force à arrêter l’attelage : « Elle lui dit que le temps de sa fin approche, que s’il ne change de son état, il sera un des plus grands tisons d’enfer qui fut jamais. » Il hausse les épaules, se détourne et reprend son travail.

Cependant un sentiment l’envahit et il se prend à souhaiter la revoir. Surprise ! en un instant, « la plus belle créature qui se puisse voir au monde » s’est transportée à l’autre bout du vallon. Cette fois-ci, il n’hésite plus. Pierre prend ses jambes à son cou et la poursuit dans une folle course à travers champs jusqu’à l’approcher à « une douzaine de pas ».

En vain : elle ne daignera plus le regarder et disparaît. Ce n’est que le 15 août 1657, sur son lit de mort, que Pierre Port-Combet abjure l’hérésie et reçoit in extremis les sacrements du viatique et de l’extrême-onction. Il meurt le 22 août réconcilié avec l’Église.

L’année suivante une basilique s’élève. Les miracles se multiplient. La ferveur est à son comble : dix messes sont célébrées par jour à Notre- Dame-de-l’Osier.

Un séminaire s’y ouvrira même, et bien des religionnaires suivront Port-Combet dans sa conversion…

C’est que la Dame a laissé un message au calviniste : « Qu’il dise au public que leurs prières ne sont pas assez ferventes. Et que s’ils les font plus ferventes, ils recevront beaucoup plus de grâces et de faveurs de Dieu. » »

L’apparition de 1657, la conversion de Pierre Port-Combet, les nombreux miracles attestés qui se produisent dans les semaines et les mois suivants, établissent la notoriété du sanctuaire. On y vient en pèlerinage de tout le diocèse mais aussi des provinces avoisinantes. En 1663, on ne dénombre pas moins de onze hôtels ou logis payant patente. Il y a jusqu’à dix prêtres résidant à l’Osier, mais leur conduite n’est pas toujours édifiante si bien qu’on en vient à les surnommer les « malandrins de l’Ozier » !!!

Devant les plaintes répétées des habitants et des pèlerins, Monseigneur Scarron vient y mettre bon ordre : dès 1664, les Augustins de Vinay sont appelés à remplacer les séculiers, ils prennent sérieusement en charge le pèlerinage et construisent, entre 1668 et 1673, un grand couvent (qui sera malheureusement totalement détruit dans un incendie à Noël 1948).

Les miracles se succèdent au rythme des pèlerinages : 27 reconnus entre 1656 et 1660, 9 entre 1661 et 1670. Ainsi le sanctuaire, terre de miracles, va-t-il connaître plus de 100 ans d’une intense activité religieuse.

Le 18 novembre 1790, les moines Augustins sont chassés de l’Osier. La révolution, ici comme ailleurs, va bouleverser la vie du village. L’église est pillée, et bon nombre des objets de culte détruits. Les morceaux de la statue de la Vierge et les restes de l’osier sanglant sont cachés dans les bois par les habitants.

La Restauration verra le retour de quelques prêtres, mais le sanctuaire ne retrouvera pas sa fréquentation passée.

En 1830, Notre-Dame-de‑l’Osier est érigée en paroisse. Puis, en 1834, la toute jeune Congrégation des Oblats de Marie Immaculée est appelée pour s’occuper du pèlerinage.

Les Oblats construisent l’Hospice de Bon-Rencontre en 1840 et créent une communauté d’Oblates chargée de l’hospitalité des pèlerins lors de leurs séjours à l’Osier. En 1841, ils ouvrent un noviciat qui recevra jusqu’à 70 pensionnaires par an. Cette maison de formation religieuse donnera à l’Afrique, aux Indes et à l’Amérique du Nord bon nombre de missionnaires.

La révolution de 1848 épargnera le sanctuaire.

En 1856, l’inauguration de la tour jointe à la chapelle de Bon-Rencontre (lieu d’apparition de la Vierge) attire 30 000 pèlerins. Le 17 mai 1858, les Pères Oblats posent la première pierre d’une nouvelle église, l’actuelle basilique, sur les plans d’Alfred Berruyer. Sa construction durera 10 ans, mais elle ne sera jamais terminée, faute d’argent ! Elle restera sans les flèches de ses clochetons et sans le campanile qui, sur sa droite, devait supporter les cloches. Inaugurée en 1868, consacrée le 8 septembre 1873, elle sera érigée en Basilique Mineure par Pie XI en 1924.

Les décrets de 1880 contre les congrégations religieuses, entraîneront, le 4 novembre, l’expulsion des Oblats de Marie Immaculé, mais, avec la complicité des habitants, ils resteront dans le village. La laïcisation de l’école communale, en 1895, les conduira à ouvrir une école libre, tenue par les soeurs de l’hospice. Après le vote de la loi contre les congrégations religieuses du 1er juillet 1901, le noviciat quittera définitivement l’Osier pour l’Italie : 62 générations, soit 1346 novices auront été formés à l’Osier, 542 resteront Oblats jusqu’à leur mort, 12 deviendront évêques, 3 supérieurs généraux, et un, Joseph Girard, sera canonisé. L’école libre sera fermée le 20 avril 1903, les soeurs expulsées. Les Oblats subiront le même sort le 16 juin 1903.

Le 27 juillet 1908, les Oblats reprennent possession du sanctuaire et redonnent au pèlerinage tout son éclat. En 1923, 10 000 pèlerins assistent au cinquantenaire du Couronnement de la Vierge.

De nouveaux miracles sont signalés : 8 sont recensés entre 1834 et 1939. Signalons particulièrement celui-ci, le dernier à avoir été officiellement enregistré : en 1915, Paul Brichet, de Saint-Jean-en-Royans, invalide de guerre, réformé pour rhumatismes articulaires contractés dans les tranchées, vient en pèlerinage à l’Osier, il repart guéri, laissant ses béquilles et un ex-voto en remerciement.

Aujourd’hui, le sanctuaire de Notre-Dame de l’Osier a malheureusement perdu beaucoup de sa notoriété : le modernisme, le rationalisme, le faux oecuménisme qui se sont introduits dans l’Eglise catholique au cours de la seconde moitié du XXe siècle ont contribué à laisser de côté cette apparition et le message de la Très Sainte Vierge demandant la conversion du huguenot… On ne peut donc que saluer les efforts actuels entrepris pour redonner vie au sanctuaire.

C’est dans la basilique qui contient le corps du protestant converti et les restes de son arbre miraculeux, que les fidèles de la Tradition ont pu, pour la première fois depuis dix ans de pèlerinage, célébrer la messe le 6 septembre 2015 après une marche méritante depuis Serre-Nerpol.

La messe de la Nativité de Notre-Dame – patronne du sanctuaire – fut chantée par l’abbé Louis-Marie Gélineau, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie Xet les fidèles allèrent se recueillir à la petite « chapelle de la bon-rencontre », où le huguenot avait enfin reconnu sa Mère .

Apparition de Notre Dame au 140 rue du Bac à Paris – La Médaille Miraculeuse

Sœur Catherine Labouré s’était couchée pleine d’espoir, ce 18 juillet 1830. C’était la fête du fondateur des Filles de la Charité : Saint-Vincent de Paul… et elle avait avalé la petite relique reçue de la Mère Supérieure en demandant au grand saint la faveur de voir un jour la Sainte-Vierge.

Vers minuit, elle fut réveillée par un petit enfant qui lui dit : « Ma sœur, tout le monde dort bien ; venez à la chapelle ; la Sainte Vierge vous attend. » Croyant rêver, Catherine se lève, s’habille et suit l’enfant. La maison est tout illuminée et les portes fermées à clef s’ouvrent facilement sous les doigts de l’enfant.

À la chapelle, Catherine est à peine agenouillée qu’elle entend le froufrou d’une robe de soie. La sainte Vierge est là, resplendissante. Elle s’assoit dans le fauteuil de l’aumônier, Catherine se jette à ses genoux. Et pendant deux heures, la Vierge Marie parle à Catherine comme une mère qui se confie à son enfant. Catherine a les mains jointes sur les genoux de Marie…

Ensuite, la vie ordinaire, jusqu’au 27 novembre 1830. Ce soir-là, un samedi, vers 17h30 , pendant que les Sœurs se trouvaient réunies à la chapelle pour la méditation, la Sainte Vierge revient.

Catherine l’aperçoit, debout, les pieds posés sur un globe terrestre, où s’agite un serpent de couleur verdâtre. La Vierge avait le pied posé sur le bête immonde. Elle dit à Catherine :

« Cette boule représente le monde entier, la France, chaque personne en particulier. » (N’est-ce pas l’Immaculée Conception ? Le démon cherchant à étendre son emprise et Marie qui entrave sa marche en le foulant au pied comme c’est annoncé dans la Bible?)

La Vierge tenait entre ses mains un globe plus petit surmonté d’une croix d’or. Elle l’offrait à Dieu d’un geste suppliant…(N’est-ce pas le symbole de sa Médiation universelle à côté du Médiateur et de sa royauté universelle?) Tout à coup les doigts de ses mains se remplissent d’anneaux porteurs de diamants qui jettent des rayons de tous côtés…Elle dit :

« C’EST L’IMAGE DES GRÂCES QUE JE RÉPANDS SUR LES PERSONNES QUI ME LES DEMANDENT… » Et pour expliquer les pierres qui ne projettent pas de rayons. Elle dit : « C’EST L’IMAGE DES GRÂCES QUE L’ON OUBLIE DE ME DEMANDER. » À ce moment, se forme autour de la Vierge un tableau ovale sur lequel Catherine voit apparaître en lettres d’or : « Ô MARIE CONÇUE SANS PÉCHÉ PRIEZ POUR NOUS QUI AVONS RECOURS À VOUS ! »…

Puis le tableau paraît se retourner. C’est le revers de la médaille : un grand M, initiale de Marie, surmonté d’une croix. Au-dessus, les deux Cœurs : celui de Jésus, couronné d’épines ; celui de Marie, percé par le glaive…douze étoiles entourent ce tableau.

Catherine mourut 46 ans après les apparitions sans jamais avoir révélé son secret à d’autres qu’à son directeur…Son corps, parfaitement conservé, est dans la chapelle des apparitions, sous la statue de la Vierge au globe.

Symbolismes de la vision du 27 novembre 1830

Premier symbole : Le serpent 

Le premier et le plus apparent de ces divers symboles est « un serpent de couleur verdâtre, avec des taches jaunes » que Sœur Catherine a remarqué sous le pied de la Vierge qui l’écrase.

La piété populaire ne se trompe pas, en désignant sous ce geste le privilège de l’Immaculée-Conception, ainsi que l’a démontré un artiste catholique, Maurice Vlogerg. « La prédiction de la Genèse est à l’origine de cette symbolique. On connaît le texte biblique ; « Je mettrai une inimitié entre toit et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira à la tête et tu la meurtriras au talon. » [1]

Qu’on rapporte l’acte d’écraser le serpent à la Femme, suivant le texte de la Vulgate, ou, conformément à l’original hébreu, à la postérité de la Femme, c’est-à-dire le Messie, l’oracle proclame de toutes manières le triomphe de Marie sur la Bête. » [2]

Saint-Pierre Fourier, au XVIIe siècle, « répandait des médailles où le serpent, placé plus bas que le pied de Marie, encerclait de sa tête jusqu’à sa queue le globe du monde. » Trait vraiment bien choisi pour attester que la Mère de Dieu échappe à la malédiction universelle.

Marie semble avoir approuvé cette image, car c’est la même dont la sœur Catherine Labouré vit l’empreinte sur la Médaille miraculeuse. (1830). Depuis cette apparition, le thème iconographique de la Vierge au reptile est fixé pour longtemps. » [3]

Deuxième Symbole : La robe

La Vierge est habillé de blanc vêtue d’une robe de soie « blanche aurore », montante, manches plates, taillée « à la Vierge », c’est-à-dire dans la simplicité qui épouse au cou, aux épaules, aux bras, directement les formes du corps.

Ce deuxième symbole n’évoque-t-il pas l’autre aspect, l’aspect positif de l’Immaculée Conception, à savoir la première grâce, la sainteté initiale du Cœur de Marie ? L’introït de la Messe du 8 décembre place, en effet sur les lèvres de l’Immaculée, ces paroles d’Isaïe : « Je me réjouirai avec effusion dans le Seigneur et mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu, car il m’a revêtue des ornements du salut, il m’a enveloppée du manteau de justice, comme une épouse parée de ses joyaux. » [4]

Troisième Symbole : Le voile

Un voile blanc couvrait la tête de l’Apparition et descendait de chaque côté jusqu’aux pieds.

Ce voile paraît bien signifier la consécration virginale du Cœur Immaculée de Marie. L’usage du voile, dans l’Eglise, est spécialement réservé aux vierges qui se donnent à Dieu dans la vie religieuse.

Peut-être pourrait-on y voir aussi une image de la « Vierge au manteau », de la Mère de miséricorde, de la toute-puissante intercession de Marie, telle qu’on la représentait avec les sarcasmes de la Réforme. « Méprisée des esprits forts et des cœurs durs, l’image fut délaissée par l’art et la dévotion, » [5] Marie aurait-elle voulu, sous ce symbole, introduire l’idée de sa Médiation, qu’elle va préciser plus loin jusqu’à l’évidence ?

Quatrième Symbole : La figure, les yeux

La figure, bien découverte, si belle que la voyante n’en pouvait dépeindre ou exprimer la beauté ravissante, révèle l’éclat des vertus et privilèges de Marie, au cours de sa vie mortelle.

Les yeux, tantôt élevés vers le ciel, tantôt baissés, sont le symbole scripturaire de la piété, du recours à Dieu, surtout au milieu des dangers.

Cinqième Symbole : Le Globe d’or

Que faut-il entendre par cette boule d’or, surmontée d’une petite croix d’or, que Marie portait dans ses mains et offrait à Dieu ?

Ce globe, si proche du Cœur de chair de l’Immaculée, ne pourrait-il figurer l’âme, le Cœur de Marie Elle-même : sa charité envers Dieu et envers les hommes, sa maternité divine et spirituelle ; son fruit par excellence, la Rédemption du monde ? Tel le tabernacle de l’ancienne alliance, recouvert de lames d’or, au dedans et au dehors, auquel on a souvent comparé le Cœur de Marie.

Ce globe surmonté de la Croix symbolise aussi les âmes renfermées dans le Cœur de la Vierge et purifiées par le sang de Jésus qui y prend sa source. « Cette boule que vous voyez représente le monde entier, la France particulièrement et chaque personne en particulier. » (Témoignage de sœur Catherine)

Si l’on parle du globe terrestre entre les mains de la Très Sainte Vierge, cette terre, entrevue par la voyante de 1830, ne serait-elle point la terre virginale, bénie et sacerdotale, dont parle l’Hymne de Sexte, au petit office de l’Immaculée Conception, c’est-a-dire le Cœur Immaculée de Marie sur lequel est planté l’arbre de la Croix, par opposition à la terre maudite, qui est sous les pieds de l’apparition, terre qu’enveloppe de ses replis tortueux l’infernal serpent ?

Saint Grignion de Montfort déclare à plusieurs reprises : « Je dis avec les Saints : Marie est le paradis terrestre du nouvel Adam…,elle est cette terre vierge et bénie, dont Adam et Ève pécheurs ont été chassés ; elle ne donne entrée chez elle qu’à ceux et celles qu’il lui plaît pour les faire devenir saints. » [6]

Sixième Symbole : Les mains étendues 

Le globe a disparu, les mains se sont étendues, dans l’attitude reproduite par le Médaille miraculeuse. C’est cette attitude que reproduira la Sainte Vierge, à Lourdes, au jour de la grande apparition (25 mars 1858); c’est celle que Marie prendra encore, durant l’apparition de Pontmain (17 janvier 1871), au témoignage réitéré de Joseph Barbedette, l’un des petits voyants devenu Oblat de Marie Immaculée.

Que signifie cette attitude ? Quel est le symbolisme de cette extension des bras et des mains ?

Marie, à n’en pas douter, veut affirmer par ce geste le fait de sa céleste médiation, de son intercession, de sa prière.

« Un fort mouvement s’est fait sentir, ces derniers temps, en faveur de cette consolante vérité, à savoir que toutes les grâces nous viennent par l’intercession de Marie, passant pour ainsi dire par ses mains maternelles », écrivait, en 1928, le cardinal Lépicier dans son ouvrage, édité à Rome, sur la Vierge Immaculée, Corédemptrice, Médiatrice (p. 7).

Et il ajoutait : « Depuis que cette Mère miséricordieuse a daigné se faire voir à Catherine Labouré, dans la chapelle des Filles de Saint-Vincent-de-Paul, à Paris, les mains étendues dans l’acte de faire pleuvoir d’abondantes grâces sur le genre humain, la confiance dans la bonté et la puissance sans limites de cette très aimable Mère a été croissant au sein du peuple chrétien, à telle enseigne que, de nombreux endroits, sont parvenus au Siège Apostolique des suppliques pour cette vérité de la médiation universelle de Marie soit définie comme dogme de foi ». [7]

Septième Symbole : Les anneaux, les rayons 

La Vierge porte, à chaque main, quinze anneaux, revêtus d’autant de pierreries, d’où jaillissent de toutes parts des rayons proportionnés, « de manière que l’on ne voyait plus les pieds de la Sainte-Vierge. »

Quelle est la signification de ces quinze anneaux ornés de pierreries ?

On peut y voir, avec le P. Gasnier, o.p., un symbole des quinze mystères du Rosaire. « L’émouvante randonnée de Notre-Dame du Rosaire commence à Paris, chez les Filles de Saint Vincent de Paul, rue du Bac. Là elle évoque sa médiation et, nous montrant ses mains ornées de quinze anneaux desquels ruissellent des flots de grâces, elle laisse entendre de quelles richesses sont chargés les mystères du Rosaire. » [8] À Lourdes, l’Apparition demande à Bernadette de venir durant quinze jours ; à Pellevoisin, elle fera pareillement quinze visites à Estelle Faguette.

Il y a plus et « l’histoire va nous fournir une donnée complémentaire qui renforce l’interprétation. Dans bien des foyers, on conserve, dans le coffret des souvenirs de famille, un anneau semblable à ceux qui paraient les doigts de la Vierge de la rue du Bac. C’est le chapelet dont se servait un lointain aïeul. (Les scouts ont repris cet usage. Ils portent, pendu à leur ceinture, cet anneau-chapelet moins encombrant que les cinquante grains). En 1830, c’était l’instrument dont on se servait pour compter les AVE du Rosaire. L’on passait à l’index de la main droite cet anneau recouvert de dix grains ou perles, et avec le pouce de la même main, on le faisait tourner pour scander les dizaines. C’était donc bien un rosaire complet de quinze dizaines que Notre-Dame portait à chacune de ses mains. Et par conséquent c’est à la prière du Rosaire que doit s’appliquer le symbolisme de cette scène. Le Rosaire lui plaît tellement qu’elle s’en revêt comme d’une parure. Par-dessus toutes les autres prières il a tant d’efficacité qu’il fait jaillir des mains de la Médiatrice sur nos âmes une immense pluie de grâces. » [9]

Comme si elle voulait montrer dans la récitation du chapelet l’un des plus précieux exercices en l’honneur de sa maternelle médiation.

Quant aux rayons, la voyante ne savait exprimer leur beauté, leur éclat. Mais une voix du ciel, la parole de Marie elle-même, en donnait la signification : « C’est le symbole des grâces que je répands sur les personnes qui me les demandent. » Et « les pierreries d’où il ne sort pas de rayons, ce sont des grâces que l’on oublie de me demander. »

Huitième Symbole : Une boule blanche sous les pieds

La Sainte Vierge était debout, les pieds appuyés sur une boule blanche, c’est-à-dire une moitié de boule, ou du moins il ne m’a paru que la moitié, dit la sœur.

Voici l’explication donnée par M. Chevalier : « Interrogés si elle voyait encore le globe dans les mains de la Sainte Vierge, lorsque les gerbes lumineuses jaillissaient de tous les côtés, sœur Catherine répondit qu’il ne restait plus que les rayons ; et quand la Sainte Vierge parle du globe, elle désigne celui qui est sous ses pieds et il n’est plus question du premier…Le petit globe que la Très Sainte Vierge porte dans ses mains, et le grand qui la porte elle-même, sont l’un et l’autre inondés des mêmes rayons éblouissants ou enrichis des mêmes grâces. L’auguste Marie semble seulement indiquer par la figure du petit globe celle de l’univers sont la forme imparfaite se cache sous ses pieds. Elle vient en quelque sorte rappeler qu’elle est la Reine toute miséricordieuse du genre humain. » [10]

Neuvième Symbole : Le « M » et les deux cœurs

Au moment où les mains de Marie se sont inclinées sous le poids des rayons, ses yeux se sont baissés, un tableau, de forme ovale, s’est formé autour de l’apparition et une inscription s’est gravée en lettres d’or : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. » Une voix s’est fait entendre : « Faites, frapper une médaille sur ce modèle. »

Le tableau s’est retourné et, au revers de la médaille, la sœur aperçut l’M et les deux cœurs et comprit plus tard que cet M et ces deux Cœurs « en disent assez ».

Leur langage est celui du sacrifice, de la Vierge au pied de la croix, de la Vierge au Cœur transpercé, en un mot de la Vierge Corédemptrice ou Réparatrice, qui complète par l’offrande de ses mérites, de ses douleurs, l’efficacité de sa prière, de son intercession.

Dixième Symbole : Les douze étoiles 

Ne pourrait-on voir ici une invitation au culte, à l’apostolat de la dévotion au Cœur de Marie et, par lui, au Cœur de Jésus ? « Ceux qui auront été intelligents – dit le livre de Daniel – brilleront comme la splendeur du firmament et ceux qui auront rendu justes un grand nombre brilleront comme les étoiles, toujours et éternellement. » (X11,3).

Le chiffre des douze étoiles semble bien évoquer l’idée des apôtres. Saint Grignion de Montfort n’a-t-il point parlé de ces apôtres des derniers temps qui « auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu, porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le Crucifix dans la main droite, le chapelet dans la main gauche, les sacrés noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie dans toute leur conduite. » [11]

Et le saint auteur d’ajouter : « Voilà de grands hommes qui viendront, mais que Marie fera par ordre du Très-Haut pour étendre son empire sur celui des impies, idolâtres et mahométans. Mais quand et comment cela se fera-t-il?…Dieu seul le sait : c’est à nous de nous taire, de prier, soupirer et attendre. »

Apparition de la Sainte Vierge Marie à Alphonse Ratisbonne

Juif et athée, le jeune Alphonse Ratisbonne cédant au zèle apostolique de l’un de ses compatriotes strasbourgeois, M. de Bussière, accepta de porter la Médaille miraculeuse et de copier, puisqu’il se refusait à le prononcer, le « Souvenez-vous » de Saint Bernard de Clairvaux.

Le 20 janvier 1842, il accompagna M. de Bussière dans l’église de Saint-André delle Fratte à Rome et la Vierge Marie lui apparut, les mains ouvertes et étendues, lui faisant signe de s’agenouiller.

Il écrira plus tard :

« J’étais depuis un instant dans l’Eglise lorsque tout d’un coup, je me suis senti saisi d’un trouble inexprimable ; j’ai levé les yeux, tout l’édifice avait disparu à mes regards. Une seule chapelle avait pour ainsi dire concentré la lumière et au milieu de ce rayonnement parut, debout sur l’autel, grande, brillante, pleine de majesté et de douceur, la Vierge Marie, telle qu’elle est sur ma médaille ; elle m’a fait signe de la main de m’agenouiller, une force irrésistible m’a poussée vers elle, la Vierge a semblé me dire : c’est bien ! Elle ne m’a point parlé, mais j’ai tout compris. »

De cette apparition, Alphonse Ratisbonne retira des lumières extraordinaires sur les mystères de la foi. Le 31 janvier, il fut baptisé, communia et reçut la confirmation. Marie-Alphonse Ratisbonne, devenu prêtre en 1848, s’installa en Palestine et consacra sa vie au catéchuménat des convertis d’origine juive, au sein de la double congrégation (masculine et féminine) de Notre-Dame de Sion qu’établit et dirigea, pendant plus de cinquante ans, son frère Théodore.

Apparition de Notre Dame à La Salette

Mélanie Calvat que l’on devait connaître par la suite sous le nom de Mélanie de La Salette ou de Soeur Marie de la Croix ou encore de la bergère de La Salette, naquit à Corps, dans l’Isère en 1831.

La famille était si pauvre que son père, maçon et scieur de long, s’absentait souvent pendant plusieurs mois pour gagner sa vie. Pierre Calvat aimait ses enfants. Il en eût dix. C’était un bon chrétien qui les exhortait à vivre dans la crainte de Dieu et dans l’observation de ses commandements. Lorsqu’il était là, il veillait à ce que les prières du soir soient bien dites avant le coucher. On estimait cet homme intègre.

Sa femme, au contraire, recherchait les divertissements et se souciait assez peu de religion. Après deux garçons, la naissance de Mélanie lui fit espérer trouver avec une fille, une compagne pour ses distractions et une vie moins sévère. Or, dès ses premiers mois, l’enfant se débattait et criait lorsque sa mère l’emmenait à un spectacle ou dans des réunions de bavardages.

Elle se révéla très vite toute attirée par Dieu au plus grand déplaisir de la mère qui profitait des longues absences du père pour la jeter hors de la maison, de jour comme de nuit, par tous les temps, sans nourriture ni vêtements appropriés.

La première fois, l’enfant savait à peine marcher. Elle était bien souvent obligée d’aller, en pleurant, se réfugier dans les bois avoisinants. C’est là que, dans sa désolation, elle commença de voir un enfant d’une grande beauté, venir jouer avec elle, lui donner une nourriture céleste, la réconforter et lui communiquer tout l’enseignement divin.

Avant que le père ne revint, il l’avertissait de retourner à la maison de ses parents afin que la paix n’y soit pas troublée par des disputes à son sujet. Dans sa simplicité, il lui fallut de longues années pour comprendre que cet aimable enfant, dont la présence la remplissait d’un si grand bonheur, était l’Enfant-Jésus.

Elle vivait dans un monde qui n’était pas le nôtre. L’instruction qu’elle recevait dans ces moments l’introduisait dans les plus hautes sphères de la mystique.

Un jour de cette petite enfance, son « bon frère » ainsi qu’elle le nommait, la communia puis, dans son désir ardent de souffrir pour l’amour de Dieu, Il lui imposa les stigmates. Elle avait 4 ou 5 ans. Les animaux lui obéissaient. Souvent privée de toute nourriture, on la trouvera plus tard ne plus se nourrir que de l’Eucharistie.

Le 19 septembre 1846,il fait un temps radieux. Mélanie a 14 ans. Elle ne sait ni lire ni écrire, ne parle et ne comprend que le patois. Pour deux jours, Maximin Giraud, un enfant de 10 ans, aussi ignorant qu’elle, gardera le troupeau de son maître avec celui de Mélanie. Après leur frugal repas et une courte sieste, leur apparaît une lumière éblouissante qui, lorsqu’elle se fut ouverte, leur découvre une belle dame assise, la tête entre les mains. Cette belle dame se lève en les regardant et dit :

« Avancez mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle. »

Les enfants sont tout près d’Elle qui commence son discours pendant que les larmes coulent de ses beaux yeux. Ce discours peut se diviser en trois parties :

1) On peut appeler « Discours Public » le premier message qui est un avertissement à tout le peuple chrétien contre ses blasphèmes et son oubli des commandements de Dieu et de l’Eglise.

2) La seconde partie comprend les « secrets » adressés séparément à Mélanie puis à Maximin. Mélanie reçut l’ordre de ne le divulguer qu’à partir de 1858. Maximin ne livrera le sien uniquement au Pape Pie IX et par écrit.

3) La troisième partie consiste en une Règle de vie religieuse, que Mélanie s’est entendue dicter.

Elle n’a voulu la donner qu’aux personnes disposées à la suivre. Le soir, de retour au village, les enfants raconteront les faits et les paroles de la belle dame. Le curé sera mis au courant, puis l’évêque de Grenoble, Mgr de Bruillard qui, après enquête et interrogatoire des enfants, sera vite convaincu de l’authenticité des faits, ce que seul le Pape peut proclamer officiellement.

Pie IX ayant les informations en mains, le fera. Léon XIII les confirmera à son tour.

Une source miraculeuse a jailli à l’endroit où s’était tenue la Sainte Vierge. Vite identifiée par les autorités ecclésiastiques, les foules ne tardent pas à affluer à La Salette, où se produisent de nombreux miracles et conversions. Les enfants répètent indéfiniment le « Discours Public », mais nul ne peut leur arracher un mot de leur secret respectif qu’ils ne se sont pas transmis entre eux.

Les enfants commencent à être instruits. Mélanie fait son noviciat chez les religieuses de Corps.

Mais l’ennemi de tout bien veille et, devant la rapidité avec laquelle se propagent les faits merveilleux, va susciter à l’encontre des paroles de Notre Dame une campagne de suspicion, contre les voyants, notamment Mélanie.

Une vague de calomnies et mensonges orchestrée par le nouvel évêque de Grenoble, Mgr Ginoulhiac, lui interdit son entrée en religion, puis réussit à l’envoyer en Angleterre et à la faire entrer dans un carmel d’où elle n’aurait plus la possibilité de diffuser le message donné par la Sainte Vierge, à partir de 1858.

Avec l’aide de la providence, Mélanie sort du carmel anglais. Elle est relevée de ses voux afin de pouvoir rester fidèle à la demande du ciel, mais il lui faudra s’exiler en Italie pour trouver la protection de Mgr Petagna et faire imprimer son « secret ».

Ce très long secret, Mélanie le rédige et peut le remettre en mains propres au Pape Léon XIII en 1878. Avec son accord, à partir de 1879, elle se préoccupe de sa diffusion. Elle l’avait reçu avec les recommandations suivantes, répétées par deux fois :

  • « Vous le ferez passer à tout mon peuple ». 
  • « Commentez le secret pour que le peuple le comprenne bien ».

Maître Amédée Nicolas, de Lyon, pressenti pour le commentaire fût empêché de réaliser ce travail en raison de la farouche hostilité rencontrée dans le clergé.

Ce secret qui a pu être mis en parallèle avec l’apocalypse de Saint Jean, semble présenter une apparence de contradiction sur certains passages.

Dans le déroulement des temps à venir, c’est une fresque grandiose et impressionnante.

Le clergé y est très souvent mis en cause.

L’existence des voyants fut une longue suite d’attaques et de difficultés de tous ordres.

Mélanie mourut en Italie, dans une extrême pauvreté, à l’écart de tout. Maximin finit ses jours dans la maladie et la misère.

Notre Seigneur a connu l’agonie, le calvaire et la croix. Le serviteur n’est pas au-dessus de son maître.

G.T. – Toulouse

Le secret de la Salette

Le secret tel qu’il a été écrit par Mélanie Calvat.

« Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant, ne sera pas toujours secret ; vous pourrez le publier en 1858. Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l’amour de l’argent, l’amour de l’honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d’impureté. Oui, les prêtres demandent vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes. Malheur aux prêtres, et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leurs infidélités et leur mauvaise vie, crucifient de nouveau mon Fils ! Les pêchés des personnes consacrées à Dieu crient vers le Ciel et appellent la vengeance, et voilà que la vengeance est à leurs portes ; car il ne se trouve plus personne pour implorer miséricorde et pardon pour le peuple ; il n’y a plus d’âmes généreuses, il n’y a plus personne digne d’offrir la Victime sans tache à l’Éternel en faveur du monde.

Dieu va frapper d’une manière sans exemple.

Malheur aux habitants de la terre ! Dieu va épuiser sa colère, et personne ne pourra se soustraire à tant de maux réunis. Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr. Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles ; on souffrira des peines physiques et morales ; Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes, et enverra des châtiments qui se succéderont pendant plus de trente-cinq ans. La Société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands évènements ; on doit s’attendre à être gouverné par une verge de fer et à boire le calice de la colère de Dieu. Que le Vicaire de mon Fils, le Souverain Pontife Pie IX, ne sorte plus de Rome après l’année 1859 ; mais qu’il soit ferme et généreux, qu’il combatte avec les armes de la foi et de l’amour ; je serais avec lui. Qu’il se méfie de Napoléon ; son cœur est double, et quand il voudra être à la fois Pape et empereur, bientôt Dieu se retirera de lui : il est cet aigle qui, voulant s’élever, tombera sur l’épée dont il voulait se servir pour obliger les peuples à se faire élever.

L’Italie sera punie de son ambition en voulant secouer le joug du Seigneur des Seigneurs ; aussi elle sera livrée à la guerre ; le sang coulera de tous côtés : les Églises seront fermés ou profanées ; les prêtres, les religieux seront chassés ; on les fera mourir, et mourir d’une mort cruelle. Plusieurs abandonneront la foi, et le nombre des prêtres et des religieux qui se sépareront de la vraie religion sera grand ; parmi ces personnes il se trouvera même des Évêques.

Que le Pape se tienne en garde contre les faiseurs de miracles, car le temps est venu que les prodiges les plus étonnants auront lieu sur la terre et dans les airs. En l’année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer : ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu ; ils les aveugleront d’une telle manière, qu’à moins d’une grâce particulière ces personnes prendront l’esprit de ces mauvais anges ; plusieurs maisons religieuses perdront entièrement la foi et perdront beaucoup d’âmes. Les mauvais livres abonderont sur la terre, et les esprits des ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ; ils auront un très grand pouvoir sur la nature ; il y aura des églises pour servir ces esprits. Des personnes seront transportées d’un lieu à un autre par ces esprits mauvais et même des prêtres, parce qu’ils ne seront pas conduits par le bon esprit de l’Évangile, qui est un esprit d’humilité, de charité et de zèle pour la gloire de Dieu. On fera ressusciter des morts et des justes » (c’est-à-dire que ces morts prendront la figure des âmes justes qui avaient vécu sur la terre, afin de mieux séduire les hommes ; ces soi-disant morts ressuscités, qui ne seront autre chose que le démon sous ses figures, prêcheront un autre Évangile, contraire à celui du vrai Christ Jésus, niant l’existence du Ciel, soit encore les âmes des damnés. Toutes ces âmes paraîtront comme unies à leurs corps)*. « Il y aura en tous lieux des prodiges extraordinaires, parce que la vraie foi s’est éteinte et que la fausse lumière éclaire le monde. Malheur aux princes de l’Église qui ne seront occupés qu’à entasser richesses sur richesses, qu’à sauvegarder leur autorité et à dominer avec orgueil !

Le Vicaire de mon fils aura beaucoup à souffrir, parce que pour un temps l’Église sera livrée à de grandes persécutions : ce sera le temps des ténèbres ; l’Église aura une crise affreuse.

La sainte foi de Dieu étant oubliée, chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. On abolira les pouvoirs civils et ecclésiastique, tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds ; on ne verra qu’homicides, haine, jalousie, mensonge et discorde, sans amour pour la patrie ni pour la famille. Le Saint-Père souffrira beaucoup. Je serai avec lui jusqu’à la fin pour recevoir son sacrifice. Les méchants attenteront plusieurs fois à sa vie sans pouvoir nuire à ses jours ; mais ni lui, ni son successeur, » (qui ne régnera pas longtemps)* « ne verront le triomphe de l’Église de Dieu. Les gouvernants civils auront tous un même dessein, qui sera d’abolir et de faire disparaître tout principe religieux, pour faire place au matérialisme, à l’athéisme, au spiritisme et à toutes sortes de vices. Dans l’année 1865, on verra l’abomination dans les lieux saints ; dans les couvents, les fleurs de l’Église seront putréfiées et le démon se rendra comme le roi des cœurs. Que ceux qui sont à la tête des communautés religieuses se tiennent en garde pour les personnes qu’ils doivent recevoir, parce que le démon usera de toute sa malice pour introduire dans les ordres religieux des personnes adonnées au péché, car les désordres et l’amour des plaisirs charnels seront répandus par toute la terre.

La France, l’Italie, l’Espagne et l’Angleterre seront en guerre ; le sang coulera dans les rues ; le Français se battra avec le Français, l’Italien avec l’Italien ; ensuite il y aura une guerre générale qui sera épouvantable. Pour un temps, Dieu ne se souviendra plus de la France ni de l’Italie, parce que l’Évangile de Jésus-Christ n’est plus connu.

Les méchants déploieront toute leur malice ; on se tuera, on se massacrera mutuellement jusque dans les maisons. Au premier coup de son épée foudroyante, les montagnes et la nature entière trembleront d’épouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux. Paris sera brûlé et Marseille engloutie ; plusieurs grandes villes seront ébranlées et englouties par des tremblements de terre ; on croira que tout est perdu ; on ne verra qu’homicides, on n’entendra que bruits d’armes et que blasphèmes. Les justes souffriront beaucoup ; leurs prières, leur pénitence et leurs larmes monteront jusqu’au Ciel, et tout le peuple de Dieu demandera pardon et miséricorde, et demandera mon aide et mon intercession. Alors Jésus-Christ, par un acte de sa justice et de sa grande miséricorde pour les justes, commandera à ses anges que tous ses ennemis soient mis à mort. Tout à coup les persécuteurs de l’Église de Jésus-Christ et tous les hommes adonnés au péché périront, et la terre deviendra comme un désert. Alors se fera la paix, la réconciliation de Dieu avec les hommes ; Jésus-Christ sera servi, adoré et glorifié ; la charité fleurira partout. Les nouveaux rois seront le bras droit de la Sainte Église, qui sera forte, humble, pieuse, pauvre, zélée et imitatrice des vertus de Jésus-Christ. L’Évangile sera prêché partout, et les hommes feront de grands progrès dans la foi, parce qu’il y aura unité parmi les ouvriers de Jésus-Christ et que les hommes vivront dans la crainte de Dieu. Cette paix parmi les hommes ne sera pas longue : vingt-cinq ans d’abondantes récoltes leur feront oublier que les péchés des hommes sont cause de toutes les peines qui arrivent sur la terre.

Un avant-coureur de l’antéchrist, avec ses troupes de plusieurs nations, combattra contre le vrai Christ, le seul Sauveur du monde ; il répandra beaucoup de sang et voudra anéantir le culte de Dieu pour se faire regarder comme un Dieu.

La terre sera frappée de toutes sortes de plaies » (outre la peste et la famine, qui seront générales) « ; il y aura des guerres jusqu’à la dernière guerre, qui sera alors faite par les dix rois de l’antéchrist, lesquels rois auront tous un même dessein et seront les seuls qui gouverneront le monde. Avant que ceci arrive, il y aura une espèce de fausse paix dans le monde ; on ne pensera qu’à se divertir ; les méchants se livreront à toutes sortes de péchés ; mais les enfants de la Sainte Église, les enfants de la foi, mes vrais imitateurs, croîtront dans l’amour de Dieu et dans les vertus qui me sont les plus chères. Heureuses les âmes humbles conduites par l’Esprit Saint ! Je combattrai avec elles jusqu’à ce qu’elles arrivent à la plénitude de l’âge. La nature demande vengeance pour les hommes, et elle frémit d’épouvante dans l’attente de ce qui doit arriver à la terre souillée de crimes. Tremblez, terre, et vous qui faites profession de servir Jésus-Christ et qui au-dedans vous adorez vous-mêmes, tremblez ; car Dieu va vous livrer à son ennemi, parce que les lieux saints sont dans la corruption ; beaucoup de couvents ne sont plus les maisons de Dieu, mais les pâturages d’Asmodée et des siens. Ce sera pendant ce temps que naîtra l’antéchrist, d’une religieuse hébraïque, d’une fausse vierge qui aura communication avec le vieux serpent, le maître de l’impureté ; son père sera Ev. ; en naissant il vomira des blasphèmes, il aura des dents ; en un mot il sera le diable incarné ; il poussera des cris effrayants, il fera des prodiges, il ne se nourrira que d’impuretés. Il aura des frères qui, quoiqu’ils ne soient pas comme lui des démons incarnés, seront des enfants de mal ; à 12 ans, ils se feront remarquer par leurs vaillantes victoires qu’ils remporteront ; bientôt ils seront chacun à la tête des armées, assistés par des légions de l’enfer.

Les saisons seront changées, la terre ne produira que de mauvais fruits, les astres perdront leurs mouvements réguliers, la lune ne reflétera qu’une faible lumière rougeâtre ; l’eau et le feu donneront au globe de la terre des mouvements convulsifs et d’horribles tremblements de terre, qui feront engloutir des montagnes, des villes (etc.). Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’antéchrist. Les démons de l’air avec l’antéchrist feront de grands prodiges sur la terre et dans les airs, et les hommes se pervertiront de plus en plus. Dieu aura soin de ses fidèles serviteurs et des hommes de bonne volonté ; l’Évangile sera prêché partout, tous les peuples et toutes les nations auront connaissance de la vérité ! J’adresse un pressant appel à la terre : j’appelle les vrais disciples du Dieu vivant et régnant dans les cieux ; j’appelle les vrais imitateurs du Christ fait homme, le seul et vrai Sauveur des hommes ; j’appelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit ; enfin j’appelle les Apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d’eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l’humilité, dans le mépris et dans le silence, dans l’oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l’union avec Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde. Il est temps qu’ils sortent et viennent éclairer la terre. Allez, et montrez vous comme mes enfants chéris ; je suis avec vous et en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l’honneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, vous, petit nombre qui y voyez ; car voici le temps des temps, la fin des fins.

L’Église sera éclipsée, le monde sera dans la consternation. Mais voilà Enoch et Élie remplis de l’Esprit de Dieu ; ils prêcheront avec la force de Dieu, et les hommes de bonne volonté croiront en Dieu, et beaucoup d’âmes seront consolées ; ils feront de grands progrès par la vertu du Saint-Esprit et condamneront les erreurs diaboliques de l’antéchrist. Malheur aux habitants de la terre ! Il y aura des guerres sanglantes et des famines ; des pestes et des maladies contagieuses ; il y aura des pluies d’une grêle effroyable d’animaux ; des tonnerres qui ébranleront des villes ; des tremblements de terre qui engloutiront des pays ; on entendra des voix dans les airs ; les hommes se battront la tête contre les murailles ; ils appelleront la mort, et d’un autre côté la mort fera leur supplice ; le sang coulera de tous côtés. Qui pourra vaincre, si Dieu ne diminue pas le temps de l’épreuve ? Par le sang, les larmes, et les prières des justes, Dieu se laissera fléchir ; Enoch et Élie seront mis à mort ; Rome païenne disparaîtra : le feu du Ciel tombera et consumera trois villes ; tout l’univers sera frappé de terreur, et beaucoup se laisseront séduire parce qu’ils n’ont pas adoré le vrai Christ vivant parmi eux. Il est temps ; le soleil s’obscurcit ; la foi seule vivra. Voici le temps ; l’abîme s’ouvre. Voici le roi des rois des ténèbres. Voici la bête avec ses sujets, se disant le sauveur du monde. Il s’élèvera avec orgueil dans les airs pour aller jusqu’au Ciel ; il sera étouffé par le souffle de saint Michel Archange. Il tombera, et la terre qui, depuis trois jours sera en de continuelles évolutions, ouvrira son sein plein de feu ; il sera plongé pour jamais avec tous les siens dans les gouffres éternels de l’enfer. Alors l’eau et le feu purifieront la terre et consumeront toutes les œuvres de l’orgueil des hommes, et tout sera renouvelé : Dieu sera servi et glorifié. »

Pour en savoir plus vous pouvez consulter le site https://www.melaniecalvat.org/notre-dame-de-la-salette/le-secret-de-la-salette/ 

Les apparitions de Notre Dame à Lourdes

Jeudi 11 février 1858 : la première rencontre

Première apparition. Accompagnée de sa sœur et d’une amie, Bernadette se rend à Massabielle, le long du Gave, pour ramasser des os et du bois mort. Enlevant ses bas pour traverser le ruisseau et aller dans la Grotte, elle entend un bruit qui ressemblait à un coup de vent, elle lève la tête vers la Grotte : « J’aperçus une dame vêtue de blanc : elle portait une robe blanche, un voile blanc également, une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied. » Bernadette fait le signe de la croix et récite le chapelet avec la Dame. La prière terminée, la Dame disparaît brusquement.

Dimanche 14 février 1858 : l’eau bénite

Deuxième apparition. Bernadette ressent une force intérieure qui la pousse à retourner à la Grotte malgré l’interdiction de ses parents. Sur son insistance, sa mère l’y autorise ; après la première dizaine de chapelet, elle voit apparaître la même Dame. Elle lui jette de l’eau bénite. La Dame sourit et incline la tête. La prière du chapelet terminée, elle disparaît.

Jeudi 18 février 1858 : la Dame parle

Troisième apparition. Pour la première fois, la Dame parle. Bernadette lui présente une écritoire et lui demande d’écrire son nom. Elle lui dit : « Ce n’est pas nécessaire. » Elle ajoute : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre. Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? »

Vendredi 19 février 1858 : le premier cierge

Quatrième apparition. Bernadette vient à la Grotte avec un cierge bénit et allumé. C’est de ce geste qu’est née la coutume de porter des cierges et de les allumer devant la Grotte.

Samedi 20 février 1858 : la grande tristesse

Cinquième apparition. La Dame a appris une prière personnelle à Bernadette. A la fin de la vision, une grande tristesse envahit Bernadette.

Dimanche 21 février 1858 : « Aquero »

Sixième apparition. La Dame se présente à Bernadette le matin de bonne heure. Une centaine de personnes l’accompagnent. Elle est ensuite interrogée par le commissaire de police Jacomet. Il veut lui faire dire ce qu’elle a vu. Bernadette ne lui parle que d’ « Aquero » (cela).

Mardi 23 février 1858 : le secret

Septième apparition. Entourée de cent cinquante personnes, Bernadette se rend à la Grotte. L’Apparition lui révèle un secret « rien que pour elle. »

Mercredi 24 février 1858 : «Pénitence !»

Huitième apparition. Message de la Dame : « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! Priez Dieu pour les pécheurs ! Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs ! »

Jeudi 25 février 1858 : la source

Neuvième apparition. Trois cents personnes sont présentes. Bernadette raconte : « Elle me dit d’aller boire à la source (…). Je ne trouvai qu’un peu d’eau vaseuse. Au quatrième essai je pus boire. Elle me fit également manger une herbe qui se trouvait près de la fontaine puis la vision disparut et je m’en allai. » Devant la foule qui lui demande: « Sais-tu qu’on te croit folle de faire des choses pareilles ? » Elle répond : « C’est pour les pécheurs. »

Samedi 27 février 1858 : silence

Dixième apparition. Huit cents personnes sont présentes. L’Apparition est silencieuse. Bernadette boit l’eau de la source et accomplit les gestes habituels de pénitence.

Dimanche 28 février 1858 : l’extase

Onzième apparition. Plus de mille personnes assistent à l’extase. Bernadette prie, baise la terre et rampe sur les genoux en signe de pénitence. Elle est ensuite emmenée chez le juge Ribes qui la menace de prison.

Lundi 1er mars 1858 : la première guérison miraculeuse

Douzième apparition. Plus de mille cinq cents personnes sont rassemblées et parmi elles, pour la première fois, un prêtre. Dans la nuit, Catherine Latapie, une amie lourdaise, se rend à la Grotte, elle trempe son bras déboîté dans l’eau de la source : son bras et sa main retrouvent leur souplesse.

Mardi 2 mars 1858 : le message aux prêtres

Treizième apparition. La foule grossit de plus en plus. La Dame lui demande : « Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle ». Bernadette en parle à l’abbé Peyramale, curé de Lourdes. Celui-ci ne veut savoir qu’une chose : le nom de la Dame. Il exige en plus une preuve : voir fleurir en plein hiver le rosier (l’églantier) de la Grotte.

Mercredi 3 mars 1858 : le sourire de la Dame

Quatorzième apparition. Dès 7 h le matin, en présence de trois mille personnes, Bernadette se rend à la Grotte, mais la vision n’apparaît pas ! Après l’école, elle entend l’invitation intérieure de la Dame. Elle se rend à la Grotte et lui redemande son nom. La réponse est un sourire. Le curé Peyramale lui redit : « Si la Dame désire vraiment une chapelle, qu’elle dise son nom et qu’elle fasse fleurir le rosier de la Grotte ».

Jeudi 4 mars 1858 : 8 000 personnes à la Grotte

Quinzième apparition. La foule toujours plus nombreuse (environ huit mille personnes) attend un miracle à la fin de cette quinzaine. La vision est silencieuse. Le curé Peyramale campe sur sa position. Pendant vingt jours, Bernadette ne va plus se rendre à la Grotte : elle n’en ressent plus l’irrésistible attrait.

Jeudi 25 mars 1858 : la Dame révèle son nom

Seizième apparition. La vision révèle enfin son nom, mais le rosier (ou églantier) sur lequel elle pose les pieds au cours de ses Apparitions ne fleurit pas. Bernadette raconte : « Elle leva les yeux au ciel, joignant en signe de prière ses mains qui étaient tendues et ouvertes vers la terre, et me dit: Que soy era immaculada councepciou ». Bernadette part en courant et répète sans cesse, sur le chemin, des mots qu’elle ne comprend pas. Ces mots troublent le brave curé. Bernadette ignorait cette expression théologique qui désigne la Sainte Vierge. Quatre ans plus tôt, en 1854, le pape Pie IX en avait fait une vérité de la foi catholique (dogme de l’Immaculée Conception).

Mercredi 7 avril 1858 : le miracle du cierge

Dix-septième apparition. Pendant cette apparition, Bernadette tient son cierge allumé. La flamme entoure longuement sa main sans la brûler. Ce fait est immédiatement constaté par le médecin, le docteur Douzous..

Vendredi 16 juillet 1858 : la dernière apparition

Dix-huitième apparition. Bernadette ressent le mystérieux appel de la Grotte, mais l’accès à Massabielle est interdit et fermé par une palissade. Elle se rend donc en face, de l’autre côté du Gave… et voit la Vierge Marie, une ultime fois : « Il me semblait que j’étais devant la grotte, à la même distance que les autres fois, je voyais seulement la Vierge, jamais je ne l’ai vue aussi belle ! ».

 Le 18 février 1858 : des paroles extraordinaires

Lors de la troisième apparition, le 18 février, la Vierge parle pour la première fois : « Ce que j’ai à vous dire, ce n’est pas nécessaire de le mettre par écrit ». Cela veut dire que Marie veut entrer avec Bernadette dans une relation qui est de l’ordre de l’amour, qui se situe au niveau du cœur. Bernadette est d’emblée invitée à ouvrir les profondeurs de son cœur à ce message d’Amour.

A la deuxième parole de la Vierge : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? », Bernadette est bouleversée. C’est la première fois qu’on lui dit « vous ». Bernadette, se sentant ainsi respectée et aimée, fait l’expérience d’être elle- même une personne. Nous sommes tous dignes aux yeux de Dieu. Parce que chacun est aimé par Dieu.

Troisième parole de la Vierge : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ». Quand Jésus, dans l’Évangile, nous invite à découvrir le Royaume des cieux, il nous invite à découvrir, dans le monde tel qu’il est, un « autre monde ». Là où il y a l’Amour, Dieu est présent. La Vierge Marie transmet à Bernadette la certitude d’une terre promise qui ne pourra être atteinte que par delà la mort.

 Dieu est Amour

Malgré sa misère, sa maladie, son inculture, Bernadette a toujours été profondément heureuse. C’est cela le Royaume de Dieu, le monde du vrai Amour. Pendant les sept premières apparitions de Marie, Bernadette a montré un visage rayonnant de joie, de bonheur, de lumière. Mais, entre la huitième et la douzième apparition, tout change : le visage de Bernadette devient dur, triste, douloureux et surtout elle accomplit des gestes incompréhensibles… Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte; embrasser le sol sale et dégoûtant de cette Grotte; manger quelques herbes amères ; gratter le sol et essayer de boire de l’eau boueuse ; se barbouiller le visage avec de la boue. Puis, Bernadette regarde la foule, tous disent : « Elle est folle ». Pendant quatre apparitions, Bernadette reproduira les mêmes gestes. Qu’est-ce que cela signifie ? Personne n’a rien compris ! Nous sommes pourtant au cœur du « Message de Lourdes ».

Le sens biblique des apparitions

Les gestes de Bernadette sont des gestes bibliques. Bernadette exprimera l’Incarnation, la Passion et la Mort du Christ. Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte: c’est le geste de l’Incarnation, de l’abaissement de Dieu fait homme. Manger les herbes amères rappelle la tradition juive que l’on trouve dans les textes anciens. Se barbouiller le visage: le prophète Isaïe, lorsqu’il parle du Christ, le montre sous les traits du Serviteur souffrant.

La Grotte cache un trésor incommensurable

A la neuvième apparition, « la Dame » demandera à Bernadette d’aller gratter le sol, en lui disant : « Allez à la source, boire et vous y laver ». Par ces gestes, nous est dévoilé le mystère même du cœur du Christ : « Un soldat, de sa lance, lui transperça le cœur et, aussitôt, jaillit du sang et de l’eau ». Le cœur de l’homme, blessé par le péché, est signifié par les herbes et la boue. Mais au fond de ce cœur, il y a la vie même de Dieu, signifiée par la source. On demande à Bernadette: « Est-ce que « la Dame » te disait quelque chose ? ». Elle répondra : « Oui, de temps à autre elle disait : « Pénitence, pénitence, pénitence. Priez pour les pécheurs ». Par « pénitence », il faut comprendre conversion. Pour l’Église, la conversion consiste, comme le Christ l’a enseigné, à tourner son cœur vers Dieu, vers ses frères.

Lors de la treizième apparition , Marie s’adresse ainsi à Bernadette : « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ». « Qu’on vienne en procession », signifie marcher, dans cette vie, toujours auprès de nos frères. « Qu’on bâtisse une chapelle ». A Lourdes, des chapelles ont été construites, pour accueillir la foule des pèlerins. La chapelle, c’est  » l’Église » que nous devons construire, là où nous sommes.

La dame dit son nom : « Que soy era Immaculada Councepciou »

Le 25 mars 1858, jour de la seizième apparition, Bernadette demande à « la Dame » de dire son nom. « La Dame » lui répond en patois : « Que soy era Immaculada Councepciou », ce qui veut dire en français « Je suis l’Immaculée Conception ». L’Immaculée Conception, c’est « Marie conçue sans péché, grâce aux mérites de la Croix du Christ » (définition du dogme promulgué en 1854). Bernadette se rend aussitôt chez Monsieur le Curé pour lui transmettre le nom de « la Dame ». Il comprend que c’est la Mère de Dieu qui apparaît à la Grotte. Plus tard, l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, authentifiera cette révélation.

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Apparition de Notre-Dame à Pontmain

Une journée qui commence comme les autres. Ce matin, l’église était remplie de fidèles, comme les autres jours. Il y a beaucoup de neige et il fait un froid glacial « à fendre les pierres ». Vers midi et demi, la terre a tremblé ce qui a fortement impressionné tous les habitants, surtout en cette période troublée. C’est la guerre franco-prussienne. Depuis le 23 septembre dernier, 38 jeunes de la paroisse sont partis à la guerre et l’on est sans nouvelles. Alors, on vit dans l’angoisse et dans la peur. Et puis il y a cette épidémie de typhoïde qui commence à reprendre.

Malgré tout, on prie avec ferveur car il en est ainsi à Pontmain. Depuis l’arrivée de notre curé, l’abbé Michel Guérin, le 24 novembre 1836, dans chaque famille, on prie le chapelet tous les jours.

Ce soir, deux enfants, Eugène et Joseph Barbedette, aident leur père, dans la grange, à piler les ajoncs pour la nourriture de la jument. La nuit est tombée. Il est environ 17 H 30. Jeannette Détais, une vieille femme, vient donner quelques nouvelles qu’elle a pu glaner un peu plus loin près des fuyards de l’armée de la Loire en déroute. Eugène profite de l’arrêt du travail pour sortir à la porte « voir le temps ». Et voilà que tout à coup, en plein ciel, au dessus de la maison d’en face, il voit une « Belle Dame » qui tend les bras comme dans un geste d’accueil et qui lui sourit. Elle est vêtue d’une robe bleue semée d’étoiles d’or (comme la voûte de l’église peinte ainsi en 1860). Sur la tête, elle a un voile noir surmonté d’une couronne d’or avec un liseré rouge au milieu. Aux pieds, elle porte des chaussons bleus avec une boucle d’or. Elle est au milieu d’un triangle formé de trois grosses étoiles. L’enfant sourit à la Belle Dame. Ce sourire sera le seul dialogue car, de toute l’apparition, la Belle Dame ne dira pas un seul mot.

Le jeune frère Joseph, venu à la porte, voit lui aussi la « Belle Dame » tandis que les grandes personnes ne voient rien sinon les trois étoiles.

Victoire, leur mère, ne verra rien non plus, bien qu’elle soit retournée à la maison chercher ses lunettes. Elle se rend à l’école demander à sœur Vitaline de venir devant la grange. Ne voyant que les étoiles, la sœur retourne à l’école et en revient avec une autre sœur, Marie-Edouard, et trois petites pensionnaires. A leur arrivée, les deux plus jeunes, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé s’écrient : « Oh ! La belle Dame ! Qu’elle est belle ! » et la décrivent à leur tour. Sœur Marie-Edouard s’en va prévenir M. le curé tandis que sœur Vitaline commence à prier avec les gens qui accourent de plus en plus nombreux.

« M. le curé, dit sœur Marie-Edouard depuis la porte du presbytère, venez vite chez les Barbedette, il y a un prodige : les enfants voient la Sainte Vierge ! » Et M. le curé, saisi par la surprise, répond : « Un prodige ! La Sainte Vierge ! La Sainte Vierge ! Mais, ma sœur, vous me faites peur ! » La vieille servante, Jeannette Pottier, intervient : « Faut aller voir, M. le curé ! » et elle allume la lanterne pour sortir dans la nuit.

Lorsqu’il arrive au milieu de ses paroissiens, les enfants, que l’on avait séparés pour éviter qu’ils puissent communiquer entre eux, s’écrient : « V’là d’qué qui s’fait ! » (voilà quelque chose qui se fait) et ils décrivent un grand ovale bleu qui est venu entourer la Belle Dame. A l’intérieur quatre bobèches sont fixées portant quatre bougies éteintes. Ces bougies rappellent celles que l’abbé Guérin allumait sur l’autel de la Sainte Vierge depuis le 8 décembre 1854 à tous les offices de la paroisse. En même temps apparaît une petite croix rouge sur la robe, à l’endroit du cœur.

Et puis voilà que l’attention se relâche. On commence à parler, à discuter et la Belle Dame devient triste : « V’là qu’elle tombe en humilité » dit Eugène. « Prions » ajoute M. le curé. Sœur Marie-Edouard commence le chapelet. Aussitôt, la Dame sourit à nouveau. Tout au long du chapelet, au rythme des Ave Maria, la Belle Dame grandit lentement. L’ovale grandit dans les mêmes proportions et les étoiles se multiplient sur sa robe et autour d’elle.

« C’est comme une fourmilière, ça se tape sur sa robe, disent les enfants. Oh ! Qu’elle est belle ! » Après le chapelet, on chante le Magnificat. Au début du chant, les enfants s’écrient : « V’là cor’de qué qui s’fait » (voilà encore quelque chose qui se fait). Une grande banderole vient se dérouler entre le bas de l’ovale et le toit de la maison. Des lettres commencent alors à s’écrire, en majuscule, couleur d’or. « C’est un M » – « Un A » – « un I » – « un S ». Le mot MAIS qui va rester tout seul jusqu’au moment où arrive Joseph Babin, un charretier, qui revient d’Ernée, à 20 km de là, et qui lance à la foule : « Vous pouvez bien prier, les Prussiens sont à Laval ». Le mot PRIEZ vient s’écrire alors après MAIS. Le message continue de s’écrire lettres après lettres. A la fin des litanies que l’on chante après le Magnificat, les enfants peuvent lire une première ligne se terminant par un gros point :

Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps

Au début de l’Inviolata qui va suivre, des lettres commencent une seconde ligne : MON. Au moment où l’on chante « Ô Mater alma Christi carissima », le mot FILS vient s’écrire à la suite. « MON FILS » lisent les enfants. Alors c’est un cri de joie général : « C’est Elle ! C’est bien Elle ! C’est la Sainte Vierge ! » Jusque là, on pensait que ce pouvait être Elle. Mais maintenant, on en est sûr. C’est bien écrit : MON FILS. Pendant que l’on termine l’Inviolata et que l’on chante le Salve Regina, le message continue et se termine

Mon fils se laisse toucher

Il n’y a pas de point final mais cette deuxième ligne est soulignée par un gros trait d’or comme les lettres.

« Chantons notre cantique à Marie » dit alors M. le curé et les paroles s’élèvent joyeuses vers le ciel, alors que, dimanche dernier, on l’avait chanté la gorge serrée :

« Mère de l’Espérance dont le nom est si doux, Protégez notre France. Priez, priez pour nous. »

Au début, la Vierge lève les mains à hauteur de ses épaules et agite les doigts au rythme du cantique. Puis un rouleau « couleur du temps » passe et efface la banderole et le message.

Suit un autre cantique « Mon doux Jésus » avec le refrain « Parce Domine, parce populo tuo ». Les enfants, joyeux jusque là, deviennent subitement tout tristes. C’est que la Vierge elle aussi est devenue toute triste. Elle ne pleure pas mais un frémissement au coin des lèvres marque l’intensité de sa douleur. « Jamais on n’a vu une pareille tristesse sur un visage humain » disent les enfants.

C’est alors qu’une croix d’un rouge vif apparaît devant la Vierge. Sur la croix, Jésus, d’un rouge plus foncé. Au sommet de la croix, sur une traverse blanche, est écrit : JESUS CHRIST. La Vierge prend la croix à deux mains et la présente aux enfants pendant qu’une petite étoile vient allumer les quatre bougies de l’ovale avant d’aller se placer au dessus de la tête de la Vierge. La foule prie en silence et beaucoup pleurent.

Puis sœur Marie-Edouard chante l’Ave Maris Stella. Le crucifix rouge disparait et la Vierge reprend l’attitude du début. Le sourire « un sourire plus grave » revient sur ses lèvres et une petite croix blanche apparaît sur chacune de ses épaules. Il est 20 H 30.

« Mes chers amis, dit M. le curé, nous allons faire tous ensemble la prière du soir ». Tout le monde se met à genoux, là où il est, qui dans la neige, qui dans la grange pour ceux qui ont voulu s’abriter du froid glacial. Jeannette Pottier, la vieille servante, commence la prière : « Mettons-nous en présence de Dieu et adorons-le. » Au moment de l’examen de conscience, les enfants signalent la présence d’un voile blanc qui vient d’apparaître aux pieds de la Vierge et qui monte lentement en la cachant à leurs yeux. Le voile arrive à hauteur de la couronne, s’arrête un instant et, brusquement, tout disparaît : le voile, la couronne, l’ovale, les bougies et les trois étoiles.

« Voyez-vous encore ? » demande M. le curé. « Non, M. le curé, tout a disparu, c’est tout fini ! ». Il est près de 21 H 00. Chacun rentre chez soi, le cœur en paix. Toute crainte, toute peur s’en est allée.

Les Prussiens qui devaient prendre Laval ce soir-là n’y sont pas entrés. Le lendemain, ils se sont repliés. L’armistice est signé le 25 janvier. Les 38 jeunes de Pontmain reviennent tous sains et saufs.

Le 2 février 1872, après l’enquête et le procès canonique, Mgr Wicart, évêque de Laval publie un mandement dans lequel il déclare :

Nous jugeons que l’Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu, a véritablement apparu le 17 janvier 1871 à Eugène Barbedette, Joseph Barbedette, Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé dans le hameau de Pontmain.

Les voyants

Le 2 février 1872, Mgr Wicart, évêque de Laval, reconnaît quatre voyants officiels.

Eugène BARBEDETTE est né le 4 novembre 1858. Il est le premier à apercevoir la Belle Dame. Il devient prêtre. Il est ordonné en 1883. Curé dans plusieurs paroisses du diocèse de Laval, il a laissé le souvenir d’un prêtre « droit, zélé, fervent et intransigeant ». Il meurt le 2 mai 1927. Il est enterré dans le cimetière de Châtillon-sur-Colmont.

Joseph BARBEDETTE est né le 20 novembre 1860. Il désire devenir missionnaire. Il entre chez les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée. Il est ordonné prêtre en 1884. A la demande de ses supérieurs, il écrit un récit très complet de l’apparition. Il meurt le 3 novembre 1930. Il est enterré dans le cimetière de Pontmain.

Françoise RICHER est née en 1861. Elle reste ce qu’elle est au moment de l’apparition : une âme profondément chrétienne, accomplissant simplement sa tâche de chaque jour « pour faire plaisir au Bon Dieu et à la Bonne Vierge ». Elle gagne sa vie comme domestique puis comme institutrice dans plusieurs petites écoles de campagne. Vers 1900, elle devient gouvernante de l’abbé Eugène Barbedette. Elle meurt le 28 mars 1915. Elle est enterrée dans le cimetière de Châtillon-sur-Colmont.

Jeanne-Marie LEBOSSE est née le 12 septembre 1861 à Gosné (Ille-et-Vilaine). Orpheline de père et ayant sa mère paralysée, elle est recueillie par sa tante Sœur Timothée, directrice de l’école de Pontmain. En 1881, elle entre chez les Sœurs de la Sainte Famille de Bordeaux. Pendant dix ans, elle sera paralysée, et en mars 1933 elle sera réduite à une impuissance absolue. Elle meurt le 12 décembre 1933. Elle est enterrée dans le cimetière central de Bordeaux, dans le caveau de sa communauté.

Apparitions de Notre-Dame à Pellevoisin

L’histoire des apparitions

En 1875, une jeune femme de 32 ans, Estelle Faguette atteinte d’une maladie incurable, écrit, avec un cœur d’enfant et dans une grande confiance, une lettre à la Sainte Vierge : elle lui demande d’intercéder auprès de son divin Fils pour obtenir sa guérison, afin de soutenir ses parents âgés. La Vierge Marie répond à cette lettre par quinze apparitions, de février à décembre 1876, au cours desquelles elle éduque Estelle a la sainteté et lui délivre un message de miséricorde.

Le 19 février 1876, Estelle est entièrement guérie. Dès 1877, l’Archevêque de Bourges autorise le Culte public à Notre-Dame de Pellevoisin et la chambre d’Estelle est transformée en chapelle.

En avril 1900, le Pape Léon XII reconnaît officiellement le scapulaire du Sacré Cœur tel qu’Estelle l’a vu porté par la Vierge Marie, et encourage tous les fidèles qui le désirent à le porter.

La guérison d’Estelle a été officiellement déclarée miraculeuse en 1983 par Mgr Vignancour, alors Archevêque de Bourges. Cette déclaration fait suite à tous les actes favorables et marques de bienveillance des souverains pontifes et des archevêques de Bourges à l’égard de Pellevoisin depuis plus d’un siècle.

La lettre d’Estelle à la Vierge Marie

Ô ma bonne Mère, me voici de nouveau prosternée à vos pieds. Vous ne pouvez pas refuser de m’entendre. Vous n’avez pas oublié que je suis votre fille et que je vous aime. Accordez-moi donc de votre divin Fils la santé de mon pauvre corps pour sa gloire.

Regardez donc la douleur de mes parents, vous savez bien qu’ils n’ont que moi pour ressources. Ne pourrai-je pas achever l’œuvre que j’ai commencée ? Si vous ne pouvez, à cause de mes péchés, m’obtenir une entière guérison, vous pourrez du moins m’obtenir un peu de force pour pouvoir gagner ma vie et celle de mes parents. Vous voyez, ma bonne Mère, ils sont à la veille de falloir mendier leur pain ; je ne puis penser à cela sans être profondément affligée.

Rappelez-vous donc les souffrances que vous avez endurées, la nuit de la naissance du Sauveur, lorsque vous fûtes obligée d’aller de porte en porte demander asile ! Rappelez-vous aussi ce que vous avez souffert quand Jésus fut étendu sur la Croix. J’ai confiance en vous, ma bonne Mère ; si vous voulez, votre Fils peut me guérir. Il sait que j’ai désiré vivement être du nombre de ses épouses, et que c’est en vue de lui être agréable que j’ai sacrifié mon existence pour ma famille qui a tant besoin de moi.

Daignez écouter mes supplications, ma bonne Mère, et les redire à votre divin Fils. Qu’il me rende la santé si tel est son bon plaisir, mais que sa volonté soit faite et non la mienne. Qu” Il m’accorde au moins la résignation entière à ses desseins et que cela serve pour mon salut et celui de mes parents. Vous possédez mon cœur, Vierge Sainte, gardez-le toujours et qu’il soit le gage de mon amour et de ma reconnaissance pour vos maternelles bontés. Je vous promets, ma bonne Mère, si vous m’accordez les grâces que je vous demande, de faire tout ce qui dépendra de moi pour votre gloire et celle de votre divin Fils.

Prenez sous votre protection ma chère petite nièce, et mettez-la à l’abri des mauvais exemples. Faites, ô Vierge Sainte, que je vous imite dans votre obéissance et qu’un jour je possède avec vous Jésus dans l’éternité.

Lettre écrite en 1975

La vie d’Estelle Faguette et un résumé des apparitions

Dans une petite auberge, à Saint Memmie, près de Chalons en Champagne, le 12 septembre 1843, naît une petite Estelle, seconde fille de Victor et Antoine Faguette. Ces derniers, ruinés et réduits à une extrême pauvreté se retrouvent à Chalons comme concierges.

Toute petite, Estelle est éduquée chez les sœurs de Portieux, et en 1857 la famille s’installe à Paris pour trouver du travail. Estelle a 14 ans lorsqu’elle est placée en apprentissage chez une blanchisseuse ; dès que le temps le lui permet, elle se met au service des sœurs de saint Vincent de Paul et entrera dans cette communauté à l’âge de 17 ans, se dévouant aux pauvres à l’Hospice de la Charité.

En 1858, date des apparitions à Lourdes, Estelle tombe malade pour la première fois. Deux ans plus tard, elle entre au noviciat des Augustines Hospitalières de l’Hôtel Dieu de Paris. Mais son état de santé fragile l’oblige à quitter la vie religieuse.

En 1865, Estelle entre au service de la famille de La Rochefoucauld jusqu’en 1875. Là, elle s’occupe des enfants et suivra la famille, de Paris au château de Montbel à Pellevoisin, dans le Berry.

Progressivement, une maladie sournoise lui provoque un long et douloureux calvaire. Le 29 août 1875, le professeur Pucquoy la déclare irrémédiablement perdue. Estelle se sent abandonnée et fatiguée. Elle prend la résolution de faire une demande à la Sainte Vierge en lui écrivant une lettre [Voir ci-dessus].

Estelle demande à une amie, Mlle Reiter, de déposer cette lettre à la petite grotte de Notre Dame de Lourdes que la famille de La Rochefoucauld avait fait construire dans le parc à la demande des enfants. L’état de santé d’Estelle devenant extrême, elle fut ramenée auprès de ses parents dans une maison, au centre du village, près de l’église et du cimetière !

Le 14 févier 1876, le médecin déclare :

Elle n’en a plus que pour quelques heures ». Dans la nuit…Estelle raconte : « Il était minuit, c’était le 15 février, je cherchais à me reposer quand tout à coup apparut le diable au pied de mon lit. Oh que j’avais peur !…A peine était-il arrivé que la Sainte Vierge apparut de l’autre côté…et me dit doucement : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille…Courage, prends patience, mon Fils va se laisser toucher. Tu souffriras encore cinq jours, en l’honneur des cinq plaies de mon Fils, samedi tu seras morte ou guérie. Si mon Fils te rend la vie, je veux que tu publies ma gloire.

La paix revient désormais dans l’esprit d’Estelle qui se met à contempler la Vierge Marie et à ressentir la douceur qui émane de sa personne immaculée et remplie de grâce. Estelle alitée, fatiguée, ne parle pas de l’apparition dans l’immédiat à ses parents, mais elle en informa l’abbé Salmon, curé de Pellevoisin.

Le lendemain, dans la nuit, la Sainte Vierge réapparut en regardant Estelle avec bonté et lui dit : « Mon Fils s’est laissé attendrir, il te laisse la vie, tu seras guérie samedi ». Dans la nuit du 16 au 17, la Sainte Vierge se rend pour la troisième fois auprès d’Estelle : « J’ai montré cette lettre à mon Fils ». La Vierge Marie mentionne la lettre qu’Estelle lui avait écrite et fait déposer à la grotte de Montbel fin août 1875 ; entre temps, six mois s’étaient écoulés. Cette lettre fut retrouvée 10 mois plus tard, par hasard, juste avant la fête de l’Immaculée Conception.

« Je suis toute miséricordieuse… », « Courage, Patience, Résignation », « Tu publieras ma gloire ».Estelle essaya de dire comment elle n’en a pas eu le temps. La Sainte Vierge lui dit en partant : « Fais tous tes efforts ». C’était la 4ème apparition.

Estelle est guérie dans la nuit du 18 au 19 février. Elle raconte : « Après un moment de repos, je me sentais bien, je demandais l’heure, il était minuit et demi. Je me sentais guérie…c’était après la 5e apparition ».

Son père qui la veillait put constater sa guérison. Le matin même, l’abbé Salmon vient lui porter l’Eucharistie. Sitôt qu’elle l’eut reçue, l’abbé acheva les prières liturgiques, les larmes aux yeux et la voix tremblante, et, la laissant en action de grâces, il constata qu’Estelle était totalement guérie, comme l’avait annoncé la Sainte Vierge lors de sa première visite.

Au cours de ces cinq apparitions, la Vierge Marie manifeste à Estelle son attention de Mère. Elle l’encourage et fortifie son courage dans l’espérance. Elle la stimule et éduque ses comportements, faisant jaillir de son cœur le plus vif amour pour son Fils. La réponse à la générosité d’Estelle et à son abandon fut sa guérison, intérieure et physique.

La Vierge Marie apparut à Estelle quinze fois, au long de l’année 1876. Estelle raconte :

Je ne pouvais assez dire qu’elle était belle. Elle a des traits réguliers, un teint blanc et rosé, plutôt un peu pâle, de grands yeux doux, elle sourit, elle me regarde avec bonté…

Au cours des apparitions, la Vierge Marie éduque Estelle :

« Du calme mon enfant… », « Sois simple, que tes actions répondent à tes paroles… », « Je t’ai choisie, je choisis les petits et les faibles pour ma gloire ».

Lors de la 9ème apparition, c’est la révélation suprême de Marie à Estelle : celle du cœur de son Fils reposant sur sa poitrine, le scapulaire.

La Vierge Marie s’adresse alors à Estelle : « Depuis longtemps les trésors de mon Fils sont ouverts, qu’ils prient ». En disant cela, elle souleva la petite pièce de laine qu’elle portait sur la poitrine en disant : « J’aime cette dévotion…C’est ici que je serai honorée ».

Estelle poursuit :

« J’aperçois un cœur rouge qui ressortait très bien, j’ai pensé de suite que c’était le scapulaire du Sacré Cœur ».

A la 12e apparition, c’est le mystère du silence de Marie : 

« Elle ne m’a rien dit, puis elle jeta les yeux sur moi et m’a regardée avec beaucoup de bonté et partit ».

C’est ainsi que Marie, par son silence, initie Estelle à la contemplation.

Le 8 décembre 1876, fête de l’Immaculée Conception, après la grand messe, en présence de plusieurs témoins, la Vierge Marie apparaît à Estelle pour la dernière fois. Pleine d’émotion, Estelle raconte :

« Elle était plus belle que jamais ; il y avait autour d’elle sa guirlande de roses comme au mois de juillet, puis elle me dit : « Ma fille rappelle-toi mes paroles », et, à ce moment-là, je les revis toutes depuis le mois de février ».

Instant inoubliable pour Estelle : 

« La Sainte Vierge tenait son scapulaire des deux mains : il était ravissant, je l’admirais tandis qu’un parfum exquis s’exhalait de la couronne de roses ».

« Je serai invisiblement près de toi » est une des dernières paroles que la Vierge Marie laissa à Estelle.

L’année 1876 s’achève, marquée par ces événements vécus par Estelle. Il s’agit bien d’une « guérison – résurrection ». C’est le mystère Pascal d’Estelle, vécu à l’école de Marie, avec elle.

Dès sa guérison, Estelle reprit son travail auprès de la famille de La Rochefoucault et, répondant à la demande de la Sainte Vierge, elle n’aura de cesse de publier la gloire de Marie à travers diverses démarches. Une archiconfrérie fut érigée en 1894. Estelle alla à Rome fin janvier 1900, où le Pape Léon XIII la reçut favorablement et ordonna par décret du 4 avril 1900 la diffusion du Scapulaire du Sacré-Cœur.

Estelle, à l’âge de 80 ans, demanda à être admise dans le Tiers-Ordre Dominicain. Elle mourut le 23 août 1929, à 86 ans. Jusqu’à ses derniers moments, elle fut inébranlable dans sa foi aux apparitions et au Message de la Vierge. Elle repose au cimetière de Pellevoisin, près de la tombe du chanoine Salmon, mort le 9 juin 1922 à Pellevoisin, après avoir affirmé jusqu’au bout lui aussi sa foi aux apparitions.

Les Apparitions de Notre Dame à l'Ile Bouchard

Le 8 décembre 1947, fête de l’Immaculée conception, la France victorieuse traverse une grave crise interne. De Gaulle a démissionné du gouvernement. Les communistes restent en bonne place. C’est la grève générale, la multiplication des sabotages, l’affrontement avec la police : un climat de guerre civile et la menace d’un putsch communiste comme bien d’autres. C’est alors qu’à l’Ile Bouchard, un village de 1255 habitants entre deux bras de la Loire, à 42 kilomètres au sud-ouest de Tours, quatre petites filles voient la Vierge, durant une semaine, à partir de ce 8 décembre, date de l’enterrement du Maréchal Leclerc, mort d’un mystérieux accident d’avion, étrangement analogue au déraillement du Paris- Tourcoing après le sectionnement de deux rails, dans la nuit du 2 au 3 décembre. Faut-il voir un rapport entre cette semaine d’apparitions, durant tout l’octave de l’Immaculée Conception, et la fin soudaine de cette crise ?

Ce lundi 8 décembre, vers 12 h.50, Jacqueline Aubry, 12 ans, et sa sœur Jeannette, 7 ans, partent pour l’école, après le déjeuner familial qu’a partagé leur compagne Nicole Robin (10 ans). Elles sont en avance. L’école reprend à 13 h. 30. Ce matin, la Sœur directrice, soucieuse des événements, a invité les enfants à prier pour la France. Les trois filles passent devant l’église.

Nous sommes en avance. Si on entrait pour prier ? suggère Jacqueline. Les deux petites la suivent volontiers. Elles récitent une dizaine de chapelet devant l’autel de la Vierge, avec l’invocation qui répond à la fête du jour : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »

Lundi 8 décembre 1947

1) un peu avant 13h. 1re apparition

Jacqueline AUBRY, 12 ans, Jeanne AUBRY sa sœur, 7 ans, et Nicole ROBIN, 10 ans, vont prier à l’église sur le chemin de l’école un peu avant 13 heures, la classe reprenant à 13h30. Pour cette fête de l’Immaculée Conception les Sœurs qui font la classe avaient recommandé aux enfants de prier tout spécialement la Sainte Vierge.

Les 3 enfants entrent dans l’église et dans la nef du bas-côté gauche disent un « Je vous salue Marie » devant la statue de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Elles vont ensuite s’agenouiller devant l’autel de la Sainte Vierge et commencent à réciter une dizaine de chapelet. Voilà qu’elles voient la Sainte Vierge avec à son côté un ange qui la contemple, un genou plié à terre. Les 3 enfants se précipitent dehors pour inviter d’autres enfants à venir : deux suivent dont Laura CROIZON, 8 ans, qui verra aussi « la belle Dame ».

La Dame sourit aux enfants mais ne dit rien . Les fillettes récitent une dizaine de chapelet suivie de trois invocations : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Après quelques minutes la Dame et l’Ange disparaissent.

Interrogées séparément par le Chanoine Ségelle, curé de la Paroisse, et sœur Saint-Léon directrice, les fillettes font un récit identique. Jacqueline raconte :

« J’ai vu une belle Dame, vêtue d’une robe blanche, ceinture bleue, voile blanc légèrement brodé autour. Le voile reposait sur le front. Les pieds de la Dame étaient nus et apparents et reposaient sur une large pierre rectangulaire formant le bas de la grotte dans laquelle elle nous est apparue. A son bras droit était passé un chapelet aux grains blancs montés sur une chaîne d’or. Les cheveux étaient blonds et longs et retombaient sur le devant, de chaque côté, en formant deux anglaises. La ceinture bleue était un large ruban et les manches de la robe étaient vagues. A ses pieds, cinq roses, roses, lumineuses, formaient une guirlande en forme de demi-cercle qui se terminait par deux feuilles vertes reposant sur les deux extrémités de la pierre. Sous les pieds, on lisait l’invocation : « O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». L’ange se tenait sur une pierre plate de même couleur que la grotte mais en dehors d’elle, le genou droit à terre, à peu de distance de la Dame, et à sa droite. Il était vêtu d’une robe blanche et avait des ailes blanches aux bords dorés. Il tenait à la main droite un lys blanc et l’autre main reposait sur sa poitrine. Les cheveux étaient blonds en forme d’anglaises. »

2) 13h50. 2e apparition

La Belle Dame parle :

– Dites aux petits enfants de prier pour la France… (courte pause), car elle en a grand besoin.
– Madame, est-ce que vous êtes notre Maman du Ciel ?
– Oui, je suis votre Maman du Ciel.
– Quel est l’ange qui vous accompagne ?
L’ange dit : « Je suis l’ange Gabriel ».

La Sainte Vierge reprend :

– Donnez-moi votre main à embrasser. Revenez ce soir à 5 heures et demain à 1 heure.

3) 17h. 3e apparition

En cette fête de l’Immaculée Conception, les fidèles sont rassemblés pour le Chapelet paroissial et le Salut du Saint-Sacrement. Jacqueline est la seule des 4 fillettes. Elle verra la Sainte Vierge pendant la 5e dizaine de chapelet. La Vierge Marie ne dit rien, et disparaît lorsque Monsieur le Curé apporte le Saint-Sacrement et bénit l’assemblée, puis elle reparaît après la bénédiction.

Mardi 9 décembre

4) 13h. 4e apparition

Jacqueline :
– Madame, est-ce que je peux faire entrer mes amies ?

La Sainte Vierge :
– Oui, mais elles ne me verront pas.
– Embrassez la croix de mon chapelet.

Puis la Sainte Vierge fait sur elle-même le signe de la croix avec une impressionnante lenteur.
– Je vais vous dire un secret que vous pourrez redire dans trois jours : priez pour la France qui, ces jours-ci, est en grand danger.
– Allez dire à Monsieur le Curé de venir ici à 2 heures, d’amener les enfants et la foule pour prier.
– Commencez le « Je vous salue Marie ».

Les enfants récitent une dizaine de chapelet. la Dame sourit.
– Dites à Monsieur le Curé de construire une grotte, le plus tôt possible, là où je suis ; d’y placer ma statue et celle de l’ange à côté. Lorsqu’elle sera faite, je la bénirai.
– Revenez à 2 heures et à 5 heures.

5) 17h. 5e apparition

A 14 heures elles restent en classe obéissant à un ordre de Monsieur le Curé. A 17 heures elles sont au rendez-vous.

La Dame :
– Chantez le « Je vous salue Marie », ce cantique que j’aime bien.
– Dites à la foule de s’approcher pour réciter une dizaine de chapelet.

A la fin du chapelet c’est la Dame elle-même qui énonce trois fois : « O Marie conçue sans péché. » et on entend les enfants répondre : « priez pour nous qui avons recours à vous. »

Jacqueline :
– Madame, viendrez-vous encore demain ?
– Oui, revenez tous les jours à 1 heure, je vous dirai quand tout sera fini.

Puis la Sainte Vierge bénit l’assistance par un majestueux signe de croix.

Mercredi 10 décembre

6) 13h. 6e apparition

La foule est plus nombreuse.

La Sainte Vierge :
– Chantez le « Je vous salue Marie ».
Pendant que la dizaine se termine par un « Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit… », la Sainte Vierge s’incline respectueusement.
– Baisez ma main

Nicole interroge :
– En quoi faudra-t-il faire la grotte que vous avez demandée hier ?

Réponse de la Dame :
– En papier pour commencer.

Jacqueline :
– Madame, voulez-vous bien faire un miracle pour que tout le monde croie ?
– Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour vous demander de prier pour la France. Mais demain vous y verrez clair et vous ne porterez plus de lunettes.
– Je vais vous confier un secret que vous ne direz à personne. Promettez-moi de le garder.

Les enfants :
– Nous le promettons.
– Revenez me voir demain à la même heure.

Jeudi 11 décembre

Au réveil Madame Aubry constate que sa fille Jacqueline est guérie : il n’y a plus les croutes de sa conjonctivite rebelle depuis 2 ans ni trace de sa myopie. Elle n’a plus besoin de lunettes.

7) 13h. 7e apparition – Monsieur le Curé est présent.

La Sainte Vierge :
– Chantez le « Je vous salue Marie ».
– Priez-vous pour les pécheurs ?
– Oui, Madame.
Récitation d’une dizaine de chapelet.

Jacqueline pose les questions préparées par Monsieur le Curé et Soeur Saint-Léon :
– D’où nous vient cet honneur que vous veniez en l’église Saint-Gilles ?
– C’est parce qu’il y a ici des personnes pieuses et que Jeanne Delanoue y est passée.
– Est-ce en souvenir de Jeanne Delanoue qui vous aimait tant et qui aimait tant vous prier à Notre Dame des Ardilliers…
– Oui, je le sais très bien, interrompt la Sainte Vierge.
et qui est venue elle-même établir ses filles ici, achève Jacqueline ?
– Combien y a‑t-il de sœurs ici ?
– Elles sont trois, répond Jacqueline.
– Quel est le nom de leur fondatrice ?
– Jeanne Delanoue.
– Madame, voulez-vous bien guérir ceux qui ont des maladies nerveuses et des rhumatismes ?
– Il y aura du bonheur dans les familles.
– Voulez-vous chanter maintenant le « Je vous salue Marie » ?
– Nous le voulons bien.

Après le chant, la Dame demande :
– Est-ce que Monsieur le Curé va construire la grotte ?
– Oui, Madame, nous vous le promettons.
– Revenez demain à 1 heure.
– Oui, Madame, nous reviendrons demain.

Vendredi 12 décembre

8) 13h. 8e apparition

La Sainte Vierge :
– Chantez le « Je vous salue Marie ».
Une dizaine de chapelet. A la fin la Sainte Vierge commence elle-même trois fois l’invocation « O Marie conçue sans péché… » et les 4 petites terminent.
– Rechantez le « Je vous salue Marie ».
– Oui, Madame.

Jacqueline qui a du mal à entendre : Comment ?
– Voulez-vous bien rechanter le « Je vous salue Marie ».
– Nous le voulons bien.
– Baisez ma main.

Aujourd’hui les enfants lisent bien sur la poitrine de la Dame, dont la tête est auréolée d’un arc-en-ciel lumineux, le mot MAGNIFICAT.
– Priez-vous pour les pécheurs ?
– Oui, Madame nous prions.
– Bien, surtout priez beaucoup pour les pécheurs. Une dizaine de chapelet. Et les trois invocations.

Jacqueline en faveur d’une jeune fille paralysée :
– Madame, voulez-vous guérir cette jeune fille ?
– Si je ne la guéris pas ici, je la guérirai ailleurs.
– Oh ! Madame, voulez-vous guérir une personne très pieuse ?
– Je ne suis pas venue ici pour faire des miracles mais pour que vous priiez pour la France.

Puis la Vierge bénit la foule et disparaît avec l’ange.

Samedi 13 décembre

9) 13h. 9e apparition

– Chantez le « Je vous salue Marie ». demande la Belle Dame, puis – Commencez par le « Je vous salue Marie ».
– Oui, Madame.

Une dizaine de chapelet. A la fin la Sainte Vierge commence elle-même trois fois l’invocation « O Marie conçue sans péché… » et les 4 petites terminent.
Jacqueline présente un bouquet d’oeillets roses :
– Madame, voici des fleurs.

La Sainte Vierge bénit les fleurs. 2e dizaine suivie de la triple invocation. 3e dizaine.
Jacqueline :
– Madame, faites donc un miracle !
– Plus tard. répond la Dame. 4e dizaine.
Nicole :
– Madame, quand on fera la grotte, faudra-t-il laisser l’autel à côté ?
– Oui, laissez l’autel à côté.
5e dizaine.
– Je reviendrai demain pour la dernière fois.

Dimanche 14 décembre

10) 13h. 10e apparition

La foule est rassemblée dans l’église.

La Sainte Vierge dit :
– Chantez le « Je vous salue Marie ».
– Récitez une dizaine de chapelet.

Les enfants terminent aujourd’hui cette dizaine (c’est la 2e occasion) par un « Gloire au Père et au Fils et au Saint Esprit… », la Sainte Vierge s’incline respectueusement. « O Marie conçue sans péché… » et trois fois la foule répond. Il y aura 5 dizaines, comme hier, un chapelet complet.

Jacqueline et Nicole lisent une demande de Monsieur le Curé :
– Madame, nous vous demandons de bénir Monseigneur l’Archevêque, ses 25 années d’épiscopat, Monseigneur l’Evêque de Blois, les deux paroisses, les écoles libres, la Mission du Carême, les prêtres du Doyenné, et de donner des prêtres à la Touraine.

La Dame accueille par une inclination souriante de la tête.
– Oh ! Merci, s’exclament les enfants.
Jacqueline et les petites offrent des bouquets de fleurs à la Sainte Vierge :
– Madame, je vous offre des fleurs. Prenez-les ! Embrassez-les.

Sourire de la Dame qui répond :
– Je les embrasserai, mais je ne veux pas les prendre. vous les emporterez.
Jacqueline :
– Merci, Madame. Chant du « Je vous salue Marie ».
Jacqueline lit une demande préparée par sœur Marie de l’Enfant Jésus :
– Madame, que faut-il faire pour consoler Notre-Seigneur de la peine que lui font les pécheurs ?
– Il faut prier et faire des sacrifices.
– Continuez le chapelet.
Celui-ci terminé, Jacqueline dit :
– Madame, je vous en prie, faites une preuve de votre présence.
– Avant de partir, j’enverrai un vif rayon de soleil.
– Dites à la foule qu’elle chante le Magnificat.
– Oui, Madame, nous allons le chanter.

Monsieur le Curé entonne le Magnificat suivi par la foule.
– Priez-vous pour les pécheurs ?
– Oui, Madame, nous prions.
– Récitez une dizaine de chapelet, les bras en croix, demande la Vierge.

La Sainte Vierge bénit l’assemblée et demande pour la 3ème fois :
– Allez-vous construire une grotte ?
– Oui, oui, nous allons la construire.
La Sainte Vierge prononce trois fois l’invocation « O Marie conçue sans péché… » et les 4 petites terminent « …priez pour nous qui avons recours à vous. » Et voici que le « vif rayon de soleil » promis illumine pendant 3 à 4 minutes l’angle de l’église à l’autel de la Sainte Vierge où se sont déroulées les événements.

– Faut s’en aller, dit Jacqueline, Elle a dit qu’elle enverrait un rayon de soleil avant de partir.
Le temps était maussade, le ciel bas, et ce rayon de soleil a été perçu par les habitants des campagnes environnantes.

Marie à l’Ile Bouchard est venue formuler trois demandes

  1. Elle est d’abord venue demander de prier pour la France qui en a grand besoin. Bien entendu les raisons ne sont pas les mêmes qu’en 1947. Mais elles sont encore plus graves ! C’est une prière d’espérance.
  2. Il s’agit ensuite de construire une grotte. Cette grotte c’est la vie intérieure, c’est l’oraison et la prière qui permettent de se ressourcer chaque jour en Dieu, comme la Vierge Marie chez elle dans sa grotte de Nazareth, là où elle reçut l’Esprit Saint en elle. C’est une prière de foi.
  3. Il s’agit enfin de prier pour les pécheurs, comme la Vierge Marie au pied de la croix s’associe à la Passion de son Fils : c’est une prière de charité.

Alors qu’on lui demandait de faire des miracles, la Vierge Marie a répondu par une promesse : « je donnerai du bonheur dans les familles ».

Cette promesse passa inaperçue sur le moment, mais plus le temps avance, plus son importance apparaît : elle n’a jamais été plus actuelle. Les familles l’ont bien compris : elles viennent en nombre à l’Ile Bouchard.